Chronique de Mustapha Jmahri : Quand Robert Banessy échappa au raz-de-marée à El Jadida


Robert Banessy naquit à El Jadida en 1934, où son père était contrôleur à la Régie des Tabacs dont les bureaux se trouvaient sur l’avenue Mohammed Rafy (ancienne avenue Clemenceau). Robert a participé à mon livre « El Jadida, destins croisés » paru en 2014 par un témoignage détaillé sur la vie de sa nombreuse famille franco-italienne dans cette ville. Cette fois-ci, il a bien voulu nous faire part d’un évènement naturel survenu en 1933 et qui lui a été raconté par sa mère. Il s’agit du raz-de-marée qui a submergé, en cette année-là, la route de l’entrée d’El Jadida et les habitations en face de la mer. Témoignage :


Je suis né le 15 janvier 1934 dans une villa face à la mer qui existe toujours à l’entrée d’El Jadida, aux embruns et aux senteurs océanes. Seule, la route peu fréquentée en ce temps-là, où circulait de vieilles charrettes ou quelquefois un car, nous séparait de la plage. D’un coup d’œil toute cette étendue de vagues et de flots apparaissait jusqu’à l’horizon. Cette villa que nous appelions « la maison de Madame Dubosc », car elle en était la propriétaire. Papa, employé à la Régie des tabacs sur l’avenue Clemenceau, l’avait choisie du fait que l’emplacement et le jardin étaient propices pour s’adonner à sa passion, les chevaux. Maman, s’occupait de nous, de ma sœur née au quartier Beaulieu un an et demi plus tôt et du bébé que j’étais. La vie s’écoulait douce et calme dans ce quartier nommé « La Remonte » en raison du centre équestre à proximité.
Un jour, ma mère nous emmena chez ma grand-mère qui habitait sur le Plateau en haut de la rue Richard d’Ivry (aujourd’hui avenue Hassan II), après le marché et l’école, comme elle le faisait de temps à autre. Le hasard nous a peut-être sauvés la vie car un raz-de-marée sérieux envahit la côte et notre maison fut, de la cave au jardin, totalement inondée. L’eau s’y attarda plusieurs jours. Je n’ai évidemment aucun souvenir de cet incident, car les faits m’ont été racontés par ma mère et mes grands-mères. Je ne sais pas si les archives municipales locales de l’époque existent encore, mais il est probable que cet évènement ait été mentionné. La date doit se situer en 1933.
Papa a changé de poste pour Casablanca en 1938, date à laquelle nous avons quitté El Jadida. À Casablanca nous avons habité le quartier de l’Oasis de 1938 à 1942 dans une grande maison, style chalet, avec une éolienne et le jardin donnait directement sur la voie ferrée. Puis nous avons déménagés à Marrakech où mon père prit son poste de contrôleur des tabacs pour le sud du Maroc. Pour ma part, j’y suis resté jusqu’en 1958 pour ensuite rejoindre la France.

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