On connaissait Driss Tahi comme talentueux journaliste collaborant à plusieurs journaux marocains. On avait pu percevoir une nouvelle corde à son art : ce fut les ruelles de l’enfance, un recueil de poésies. Pour être complet, il s’est lancé non sans courage, mais avec bonheur, dans l’écriture romanesque. Du haut du balcon constitue donc son premier roman, un roman historique où tous les évènements abordés sont réels et datés entre 1940 et 1981, nous précise l’auteur : seuls les personnages sont des fictions.
Saâdia est son personnage principal qui, du haut de son balcon, domine et observe la rue qui lui remémore des instants tragiques. Avec Abdelali Errehouni, nous nous sommes demandés si Saâdia, ce n’était pas en fait l’auteur. Au fil des questions, on a bien compris que celui-ci avait un faible pour son personnage et qu’il s’y était identifié.
Egrenant « le chapelet de ses souvenirs », Saâdia se rappelle ses moments, la perte de son époux et des êtres aimés, écrasés par ces évènements, ces révoltes populaires ou étudiantes… la petite histoire dans la grande, tout aussi tragique. Tous les traumatismes subis par Casablanca, la ville natale de l’auteur, marquent l’histoire contemporaine du pays et la trame de l’ouvrage.
Driss Tahi s’attache à Saâdia, son personnage principal. En la mettant en lumière, il rend un hommage appuyé aux femmes qui, face aux évènements historiques et tragiques vécus, se sont retrouvées dans des situations difficiles : la disparition des époux parfois éliminés vont les pousser dans la précarité…
Une belle soirée qui renoue, souhaitons le, avec les belles rencontres littéraires que nous avons vécues dans un passé pas si lointain…
Alain Degans