Chronique de Mustapha Jmahri : Ludovic Vallée, président du Comité de jumelage
Sète-El Jadida

Depuis sa nomination à la tête du Comité de jumelage Sète-El Jadida, Ludovic Vallée et son équipe ne cessent d’entretenir et d’encourager plus de relations entre les deux villes jumelées depuis 1992.
L’ayant rencontré d’abord à El Jadida puis à Sète, j’ai pu apprécier son dévouement pour faire connaître Sète aux Jdidis et El Jadida aux Sétois. Son attachement au Maroc est un héritage familial car son père venant d’Algérie a travaillé à Casablanca au début des années 1970. Lui-même a fait ses études au Lycée Lyautey de Casablanca. Mais sa connaissance du Maroc remonte aux années 1960 et garde d’ailleurs un excellent souvenir de sa découverte de Meknès, Fès, Rabat, Casablanca et Marrakech, à bord de la Renault 4 de ses parents. Son frère cadet, après quelques années de carrière parisienne, est retourné à Casablanca où il a fondé une famille avec son épouse marocaine, et travaille à son compte dans la communication. Il a notamment construit un jardin andalou dans les environs de Marrakech.
Lors de mon passage à Sète, jeudi 27 septembre 2024, pour l’animation d’une conférence sur « L’identité maritime d’El Jadida », Ludovic nous a invité dans un restaurant italien « Pizzeria Portofino » pour découvrir une autre facette culinaire sétoise. Face à nous, se dressait le Théâtre Molière bâti en 1904. Sur cette belle avenue haussmannienne et profitant du moment j’ai proposé à Ludovic de me parler de son parcours entre le Maroc et la France. Voici son témoignage comme il le raconte de sa propre voix :


« D’origine normande, mes parents et mon frère arrivent à Casablanca en septembre 1974 en provenance d’Oran, où mon père était comptable puis directeur d’usine en contrat expatrié post-indépendance depuis 1966. L’usine oranaise ayant été nationalisée par l’Etat algérien, le groupe qui l’employait lui avait proposé de rentrer en métropole ou bien le poste de Directeur de la Compagnie chérifienne des papiers aux Roches Noires à Casablanca. Mes parents avaient choisi le Maroc qu’ils connaissaient déjà un peu car ils y allaient souvent pour participer au tournoi de Tennis d’Oujda, et également pour se ravitailler en produits alimentaires de base et articles de consommation introuvables en Algérie du fait de l’économie administrée sur le modèle soviétique.
L’arrivée en 1974 dans une aussi grande ville que Casablanca était un déracinement car nous ne connaissions personne. Pour des problèmes administratifs et de place, je n’ai pas pu être inscrit comme prévu en 5ème au collège Georges Bizet à proximité immédiate de notre nouveau domicile au CIL, mais à Lyautey IV à Ain Sebaa à l’autre bout de la ville avec une circulation déjà dense. Mon frère, lui, avait la chance de commencer sa 6ème à Bizet. Au bout de trois semaines, l’administration m’a trouvé une place au Lyautey I, avec une nouvelle et douzième classe de 5éme, constitué d’élèves venant de tous horizons. Le lycée me paraissait gigantesque avec plusieurs milliers d’élèves, toutes les classes de 6ème à la terminale sans séparation. Je suis tombé gravement malade en octobre avec une fièvre typhoïde, ce qui n’a pas facilité ma scolarité. Cette expérience a développé une capacité d’adaptation. En 1975, je pouvais intégrer le collège Georges Bizet pour ma 4ème et 3ème, et me rendre en vélo au club de foot et de tennis du CAF pour se faire de nouveaux amis, mes parents étant sportifs. Retour ensuite à Lyautey I de la seconde à la terminale, avec obtention du baccalauréat Sciences Economiques en 1980. Le niveau de Lyautey I était élevé, avec de bons professeurs et des notations parfois plus sévères que certains lycées en France. Mes études supérieures se feront à Marseille en classe préparatoire intégrée puis à l’Ecole Supérieure de Commerce de Marseille-Luminy, dont je sortais diplômé en 1984. Mon frère lui a suivi un parcours parisien à Sciences Po. Mes parents sont restés vingt ans au Maroc, ils gardent un excellent souvenir de ces années et sont rentrés ensuite en région parisienne puis dans l’Hérault. Je passais souvent les voir à Casablanca et parfois à la plage de Bouznika où ils louaient un cabanon l’été avec des amis.
J’ai commencé ma carrière professionnelle au Moyen-Orient, ma connaissance du monde arabe ayant joué pour obtenir un premier poste de Volontaire du Service National Entreprise en coopération, à Aden, en République Populaire et Démocratique du Yémen, en qualité de représentant de l’armateur marseillais Sud-Cargos qui opérait en Méditerranée et Mer Rouge, dans un contexte de guerre froide. J’ai travaillé ensuite dans la péninsule arabique dans la recherche pétrolière, en logistique pour un projet industriel en Arabie Séoudite puis à Dubaï dans un bureau de commerce international.
De fibre entrepreneuriale et indépendante, je me suis mis alors à mon compte en 1987. J’ai démarré dans le commerce international des laines et peaux mérinos, au Moyen-Orient et en URSS au début de la Perestroïka, pour des usines de délainage de Mazamet, en sourcant et organisant les approvisionnements. Avec la mondialisation, notre activité industrielle s’est transformée et déplacée en Europe de l’Est, Chine, Russie et a changé avec la production de pelleterie naturelle double face pour les chaussures et vêtements d’hiver.
Parallèlement, j’ai créé pendant les années 1990 une entreprise d’exportation par avion de poisson frais exotique, notamment de thon, avec une pêche piroguière durable, au départ du Yémen, de l’océan Indien et d’Afrique de l’Ouest, avec un associé banquier séoudien, avec des débouchés en grandes surfaces en France.
Au début des années 2000, nous avons décidé avec mon épouse orthophoniste de s’installer à Sète avec nos deux garçons pour se rapprocher des grands-parents retraités dans l’Hérault. Tout en continuant mes activités internationales, j’y ai également diversifié mon activité en créant en 2007 une petite entreprise pour la production et l’installation d’énergie solaire, étant sensible au renouvelable ».
Jmahrim()yahoo.fr
Photo : Mustapha Jmahri et Ludovic Vallée sur les hauteurs de Sète – septembre 2024

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