Chronique de Mustapha Jmahri : Mon père et le baron de Vendeuvre


Mon père Bouchaïb Jmahri, né à El Jadida en 1910, et décédé dans la même ville en 2000, a travaillé pendant une trentaine d’années à Casablanca dans trois ou quatre sociétés françaises avant de retourner dans sa ville natale El Jadida fin 1959-60.
En fouillant dans ses quelques archives qui contenaient ses attestations de travail, je suis tombé sur une attestation dactylographiée qui m’a un peu intrigué. Cette attestation, en date du 19 octobre 1951, est légalisée par l’adjoint des services municipaux de Casablanca. La raison de mon interrogation est que mon père travailla juste quelques mois avec un baron français, prestigieux personnage dont le nom complet, qui figure sur l’attestation, est Evain, Pavée, baron de Vendeuvre, Adrien, Berthold, Marie. Dans ce document que le temps a rendu peu lisible, le baron signait de sa propre main et certifiait que mon père avait travaillé auprès de lui à Casablanca du 4 janvier 1951 au 22 octobre de la même année. Il expliquait dans ce même document que mon père le « servit avec la plus parfaite honnêteté et un dévouement constant » et qu’il le quittait à regret du fait que le baron était appelé à d’autres fonctions à Agadir.
Une fois, de son vivant mon père m’expliqua que le baron résidait au quartier résidentiel d’Anfa à Casablanca et que lui faisait partie du personnel affecté à la villa. Cependant beaucoup d’autres éléments m’échappèrent car je ne sentais pas quelque intérêt à demander à mon père de plus amples informations sur ce baron.
En consultant Internet, j’ai trouvé quelques données sur le baron de Vendeuvre et sur son épouse qui avait joué un rôle important dans la Résistance française.
Né le 2 septembre 1882 à Constantinople en Turquie, le baron Evain-Pavée de Vendeuvre décéda le 8 novembre 1963 à Paris, à l’âge de 81 ans. Le baron était sous-lieutenant du 56e régiment de chasseurs d’Afrique, en Algérie. Il passa ensuite au 50e régiment de chasseurs avant de devenir capitaine d’artillerie. Il fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur et reçu aussi la médaille de la Croix de Guerre 14-18.
Marié le 3 février 1921 à Alger, avec Vasilia de Galland, née le 5 mars 1897 en Algérie, ils vécurent dans ce pays avant de s’installer à Casablanca au Maroc.
L’épouse du baron, connue sous le nom de Lilia de Vendeuvre (1897-1980), était aussi professeur de lettres, journaliste et écrivain. Elle se consacra à des actions caritatives. Elle fut cofondatrice des Infirmières pilotes secouristes de l’Air mais aussi cofondatrice des IPSA (Infirmières pilotes/Parachutistes secouristes de l’air) en 1937. Elle s’impliqua dans la création du mouvement Jeunesse et Montagne avant de rejoindre ensuite le colonel Morlanne au Maroc. Elle ne cessa par la suite de lui rendre toutes sortes de service, par exemple en fournissant une couverture au SA (Service Action) au moment de la création du centre d’instruction de Saint-Germain-en-Laye.
La baronne fut attachée au cabinet du général Jean de Lattre de Tassigny, en Indochine, en tant que chargée des Affaires sociales entre 1951 et 1952. Son rôle consistait en la gestion des tombes des soldats, des œuvres sociales de l’armée et d’assurer la liaison entre les différentes formations féminines de l’armée.
Mon père quitta le baron précisément après le départ de son épouse à cette date, alors que lui déménagea à Agadir.
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La baronne a laissé une autobiographie « Le Melon Cantaloup. Une vie en tranches » (éditions Albatros, 1978). Cet ouvrage a reçu le prix Broquette-Gonin de l’Académie française. Elle décéda en 1980 à Paris, à l’âge de 83 ans.
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