Chronique de Mustapha Jmahri : Haddou Outabiht consacre un livre à Brassens

Ce fut en 1998 que Haddou Outabiht vint s’installer à El Jadida. J’ai compris, lors de ma première entrevue avec lui, que cet ingénieur du génie rural n’avait pas choisi El Jadida de son plein gré pour y vivre mais parce quon l’y avait contraint en quelque sorte. Non pas qu’il n’aimait pas cette ville charmante loin de là mais il avait fait l’objet d’une décision de mutation de l’Office du Haouz où il exerçait vers celui des Doukkala. Il attaqua, en son temps, cette décision qu’il jugeait arbitraire devant la juridiction compétente. Les hasards de la vie firent que certains de ses anciens collaborateurs étaient devenus plus tard ses propres supérieurs.
L’histoire de cette mutation problématique n’est pas le sujet de notre article car en fait Haddou Outabiht est un écrivain humaniste qui a laissé une trace de son passage à El Jadida sous la forme d’un livre. Lors de son séjour, dans notre cité, il a consacré un ouvrage dédié au grand auteur-compositeur-interprète français : Georges Brassens. Le livre publié et imprimé à compte d’auteur à Marrakech est intitulé « Georges Brassens, Paul Valery et les autres ». En 190 pages, ce livre, préfacé par Jean-Paul Sermonte, porte entre les lignes un message humaniste : l’homme comme la femme, les races comme les cultures, les nations comme les confessions, tous ont suffisamment de place sur notre Terre.
À la sortie de son ouvrage en 2002 et dans son cercle professionnel, beaucoup se demandaient pourquoi Haddou, au lieu d’aborder un point relevant de sa spécialité d’ingénierie, s’était aventuré dans le domaine littéraire et, qui plus est, touchant un artiste étranger. Haddou Outabiht était un fan de cet interprète de chansons depuis la période de sa jeunesse. Il avait envie d’écrire sur ce chanteur emblématique qui lui tenait à cœur et c’était son libre choix. Ce moment d’évasion et d’écriture était venu à point nommé quand il s’était libéré des contraintes de la responsabilité qu’il assumait dans son ancien emploi. Je crois aussi qu’il a vu dans la sortie de son livre une sorte de défi.
Cependant Haddou sut également aborder des sujets techniques ou économiques dans d’autres publications car cet ingénieur avait notamment écrit sur des sujets de son domaine alors qu’il exerçait à l’Office de Ouarzazate. En s’installant à El Jadida, il avait également fait nombre d’articles, parfois critiques, dans des journaux et périodiques marocains tels que L’Économiste, Maroc-Hebdo, Libération et Aujourdhui le Maroc.
En 2006, ne supportant plus de passer ses journées mal à laise dans un bureau fermé, Haddou préféra se retirer en douceur pour retrouver sa pleine liberté. Il bénéficia du départ volontaire à la retraite et il resta à El Jadida quelques années. Puis, suite à un problème de santé, il retourna vivre à Marrakech.
Aujourd’hui, avec le recul, je pense que si le livre de Haddou est passé inaperçu à El Jadida, ce n’est point en raison de son prix (75 dh) mais plutôt pour le manque général d’intérêt pour les livres et pour la désaffection envers la lecture.
Jmahrim()yahoo.fr

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