La province d’El Jadida regorge d’atouts naturels et géographiques importants. Elle est d’ailleurs, et dans toute son histoire, considérée parmi les plus riches régions du Royaume. Le visiteur national ou étranger, aura l’embarras du choix entre mer, plages, petite forêt, cité portugaise, ancienne médina d’Azemmour, port, falaise de Jorf Lasfar, tazotas des Chaibates, Kasbah de Boulaouane, méandre de l’oum-Er-Rébia, haras et autres richesses immatérielles : héritage culinaire, musique traditionnelle, élevage équin, art de la fauconnerie, etc. Mais là où le bât blesse c’est qu’il s’agit hélas de trésors mal exploités, sinon, dans certains cas, totalement délaissés.
Si ce lot de richesses vaut plus qu’un rapide détour, l’état dans lequel il est reste aléatoire est source de beaucoup de chagrin. Récemment un enfant du pays vivant en Europe, natif du terroir, était venu en pèlerinage répondant à un appel enfoui dans ses rêves et de son enfance, mais au retour, il n’a récolté que déception.
Déjà, entrant en médina d’Azemmour il constata, à travers ses ruelles, le degré d’abandon. Il dut ensuite emprunter la route côtière de Haouzia : la petite forêt était en train d’agoniser. Continuant vers la plage il a été choqué par l’ampleur des ordures jetées à même le sable comme si nos baigneurs n’avaient pas appris à l’école le respect de la nature.
Au centre-ville d’El Jadida, la grande cité portugaise souffre, car amputée par la fermeture de sa citerne depuis plus de quatre ans et dont le sort de restauration reste inconnu à ce jour (lire mon article sur le sujet sur ce site).
Plus loin à 75 km d’El Jadida, à la limite des Doukkala et de la Chaouïa, un beau monument national classé en 1924 risque de disparaître à jamais. Il s’agit de la kasbah de Boulaouane qui est en décrépitude totale et accélérée. Bâtie au 18e siècle, elle subit d’année en année, les dégâts sans qu’aucune partie ne fasse ce qui doit être fait en termes de sauvegarde et de mise en valeur. L’abandon total et l’usure du temps ont eu raison de ce site historique et archéologique. D’ailleurs, il est non valorisé : aucune pancarte à l’approche ne le signale, la route entre la forêt qui mène à la kasbah est très dégradée depuis fort longtemps et les quelques arbres sur la colline en face presque toutes détériorés. On a l’impression et à juste titre que ce monument est devenu un fardeau sur la terre. Bientôt, il n’y aura que des ruines à la place de la kasbah si ce n’est pas déjà.
Comment peut-on nous réconcilier avec cette histoire qui s’écroule devant nos yeux ? Comment peut-on sauver ces trésors ancrés dans la mémoire des générations ? À l’horizon, l’observateur ne décèle, dans les faits, aucun signe avant-coureur que l’amélioration sera pour demain, hélas.
Jmahrim()yahoo.fr