Quand il m’a donné rendez-vous dans un café d’une station d’essence à la sortie de la ville d’El Jadida, j’ai compris que Jean-André préférait le naturel et la simplicité plutôt que les mondanités. Ce matin-là, il venait de prendre une table à la terrasse du café, quand j’arrivais. À la serveuse à qui j’ai demandé de m’apporter un petit café au lait, il dira en arabe :
-Jiblih, nouss-nouss. (Apporte-lui un moitié-moitié). Ce qui m’a donné une petite idée de cet ancien homme d’affaires prêt de se mettre en permanence dans la situation d’apprendre quelque chose.
Son nom complet est Jean-André Zembsch-Schreve mais pour simplifier je l’appelle au téléphone Jean-André. Son nom a toute une histoire : il est belge, d’un père hollandais et d’une mère marseillaise, avec du sang polonais et dirigeait une usine en France, à Compiègne près de Paris. De cette façon on est tenté de dire qu’il représente un peu le continent européen.
Jean-André est un amoureux inconditionnel du Maroc où il vit depuis sa retraite. Après quelques années passées à Casablanca, dans le quartier tumultueux du boulevard Mohammed Zerktouni, il a élu domicile dans un quartier populaire à l’entrée d’El Jadida. Son choix vient du fait que dans sa vie professionnelle de directeur d’usines il avait tissé des relations commerciales et amicales avec des hommes d’affaires de Casablanca et de Fès. Il a donc appris à connaître le Maroc et les Marocains, et une fois à la retraite, ses clients devenus, par la force des choses, ses amis lui ont conseillé de s’installer au Maroc.
Cet ancien sportif olympique de hockey sur gazon aime la lecture et la nature.Il trouve sa paix intérieure quand, chaque matin, il prend son cheval et sillonne soit la plage entre El Jadida et Haouzia, soit les sentiers de la forêt soit, enfin, les terrains de l’ancien Adir. Dans sa jeunesse, il a participé avec l’équipe nationale belge de hockey sur gazon aux Jeux Olympiques à Munich en 1972.
C’est à travers l’histoire d’El Jadida qu’on a fait connaissance. Jean-André suivait mes écrits sur la cité et ses gens. Lors de notre rencontre je lui ai parlé de l’ancien vice-consulat belge à Mazagan à la fin du XIXe siècle, stipulant qu’El Jadida restait une ville ouverte d’amitié et de proximité. Quand je lui racontais l’histoire du vice-consul belge Félix Desguins qui avait acquis en 1880 une maison à la cité portugaise il m’a semblé qu’il pouvait voir, cette fois, El Jadida, avec un autre regard.
Avant de le quitter je lui ai dédicacé les ouvrages de la série « Les cahiers d’El Jadida » qui lui manquaient et qui, peut-être, en toute modestie, allaient contribuer à renforcer son amour pour El Jadida et l’éclairer encore davantage sur ce Maroc qu’il aime tant.
Jmahrim()yahoo.fr