El Jadida ou le déclin d’une ville


Nul n’ignore que l’économie de cette région repose, en plus de ses richesses agricoles, sur le secteur touristique. El Jadida constituait, dans un passé proche, une destination privilégiée de bons nombres d’estivants qui y trouvaient leur bonheur.

Elle est maintenant en phase de déclin et ce, malgré la grande popularité qu’elle a toujours connue. Bien qu’elle constitue un pan des plus fascinants de l’histoire du Royaume et de la région des doukkala, elle a entamé une réelle descente aux enfers.

L’étalement urbain, et l’apparition de nouvelles destinations touristiques abordables feront probablement disparaître l’attraction de cette belle cité et lui voleront la vedette.

Malgré ses atouts naturels qui faisaient d’elle une destination touristique de choix, El Jadida est entrée dans une phase de déclin depuis quelques années. Ses célèbres plages et sa belle cité portugaise ne suffisent plus à attirer les touristes constitués essentiellement d’une clientèle provenant des classes moyennes en quête d’un dépaysement à prix raisonnable.

Qui dit moins d’estivants, dit aussi moins de revenus pour les petits commerçants et les artisans locaux qui vivent du tourisme et attendent la période estivale avec beaucoup d’espoir de réaliser des bénéfices conséquents.

Les opérateurs mettent en cause le manque de vision des autorités, accusées à juste titre, de naviguer à vue, en l’absence d’une feuille de route et d’une planification permettant de développer le tourisme qui constitue un secteur important pour l’économie de la région.

Les causes de ce déclin sont multiples. L’investissement permettant la promotion de cette destination en tant que site touristique offrant une infrastructure économiquement à la portée des classes moyennes fait largement défaut.

La promotion de la destination, qui incombe officiellement au Conseil Provincial du Tourisme en collaboration de la Commune est aujourd’hui au point mort. Les participations aux salons pour promouvoir « le produit El Jadida » sont quasi-nulles. Et le constat est bien amer de se rendre compte qu’El Jadida perd son identité de ville touristique, car l’illusion de l’évolution comme un long fleuve tranquille sur laquelle tablent les responsables en dormant sur leurs lauriers n’est plus de mise, vu la concurrence et les offres touristiques attractives que les autres sites proposent.

El Jadida fut, jadis, tant convoitée grâce à sa réputation de ville propre et tranquille. Désormais, elle croule sous les déchets qui jonchent tous les coins de rues et d’avenues. A croire que la gestion de la collecte des ordures ménagères ne relève d’aucun département, reléguée au second plan et laissant la société en charge de cette activité livrée à elle-même. Sans oublier l’anarchie qui y règne quant à l’exploitation des espaces publics par les commerçants ambulants et sans parler de ces « gilets jaunes » agresseurs des automobilistes, en guise de gardiens de voitures.

Inutile de préciser qu’à ce tableau noir, s’ajoute l’incivisme d’une société qui a pour devise « après moi le déluge ».

Quant à la sécurité, se hasarder à aller découvrir ses quartiers populaires ou à s’attarder à la tombée de la nuit, un tant soit peu, dans ses rues où les agressions font fureur et où les « chmakriyas » font leur loi au vu et au su de tous, relève vraiment du défi.

Inutile de rappeler également les arnaques dont font l’objet les estivants, aussi bien de la part des propriétaires des appartements à louer, que de la part des commerçants qui tentent de tirer le meilleur profit auprès de ces estivants venus chercher de la détente et du plaisir dans cette ville.

Faut-il rappeler qu’une réputation se fait, mais se préserve aussi ?

On a beau se cacher la face, on revient vite à l’évidence que tous se liguent pour donner à cette ville une image qui n’a jamais été sienne. Autorités et citoyens contribuent à la dégradation de la ville.

Les solutions existent pour sauver El Jadida. Certains processus incontournables devraient être pris en considération. Les spécialistes du secteur devraient penser à innover et à multiplier les propositions de produits touristiques adaptés à l’air du temps, et en mesure de développer des activités connexes au tourisme pour attirer plus de clientèles.

Mais pour que cela se concrétise, il faudrait revoir la gestion des espaces et contrôler la situation sécuritaire.

Il faut bien entendu disposer de gestionnaires compétents et intègres, capables de mettre en exergue et en valeur les atouts dont dispose la ville, et surtout agissant pour son développement économique et social. Ce serait peut-être imaginable, si ce fameux principe de lier la responsabilité à la reddition des comptes, est mis en application. Ceci limiterait, à coup sûr, l’avidité de certains à vouloir faire main mise sur ce qu’ils sont censés gérer et non s’accaparer.
Khadija Choukaili

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