En juillet dernier, avait circulé sur Internet de fausses alertes annonçant un possible Tsunami sur la côte d’El Jadida. Ceci est arrivé après que certains riverains de la côte aient constaté l’installation de panneaux bilingues de prévention de ce phénomène naturel. Une certaine panique avait circulé sur la toile et avait aussitôt disparu de la même manière quelle était apparue.
Loin de cette polémique inutile, il s’agit tout simplement d’un programme scientifique qui vise à équiper la ville d’El Jadida de panneaux et de cartes numériques permettant aux habitants en cas de sinistre, de connaître les zones de sécurité, afin d’éviter tout danger.
L’installation de ces panneaux a été réalisée dans le cadre du projet CoastWave, un partenariat entre l’université Chouaïb Doukkali et l’IOC-UNESCO pour la labellisation de la ville d’El Jadida « Tsunami Ready ».
Depuis Mars 2023, plusieurs activités ont été menées; un exercice d’évacuation à la ville d’El Jadida et au port Jorf Lasfar, une installation d’un marégraphe pour la surveillance de la côte et des campagnes de sensibilisation dans des écoles.
Par ailleurs, déjà en 2012 la faculté des sciences d’El Jadida avait organisé un colloque scientifique international pour étudier ce phénomène que la ville avait déjà connu dans son histoire notamment en 1755.
Après 1755, la côte atlantique marocaine n’a plus connu de tsunami ou de grand raz-de-marée. Mais, à l’époque du Protectorat, El Jadida, comme d’autres cités côtières, connut des épisodes de déferlement d’eau de mer jusqu’à la route longeant la plage.
En 1933, à 20 kilomètres au sud d’El Jadida, une grande marée d’équinoxe frappa la falaise de Jorf Lasfar. Celle-ci déjà minée à sa base par le choc permanent des vagues, s’écroula sur la totalité de sa longueur et sur une largeur de presque 30 mètres, emportant avec elle la route côtière qui passait, à l’époque, par là.
Le même phénomène se répéta l’année suivante à El Jadida. Robert Banessy, ancien de Mazagan, rapporte un témoignage de sa mère : « Un jour de 1934 la douceur de la plage se transforma violemment en un raz-de-marée peu fréquent sur le littoral marocain mais causant de réels dégâts en période d’équinoxe. Leau déferla sur la plage, traversa la route de Casablanca et se déversa sur les maisons longeant la route. Notre maison, la villa de Madame Dubosc, à l’entrée de la ville, fut en partie recouverte par une immense vague, remplissant la cave et toutes les pièces, brisant des arbres et portant loin dans le jardin et les environs sa masse d’eau. Des poissons et des algues, après le retrait de la mer, jonchaient le sol ». À travers cette description, on peut parler dune submersion marine du littoral.
D’autres témoins feront état de phénomènes semblables (séisme du 28 février 1969, le jour de l’aïd al-Adha au Maroc). Quoique sans aucune commune mesure avec un tsunami.
Afin de sensibiliser les décideurs, un colloque international sur « Les risques naturels sur les littoraux » fut organisé à El Jadida, en 2012, conjointement entre les universités Chouaïb Doukkali et Paul-Valéry de Montpellier, avec la participation dune pléiade de chercheurs maroco-franco-portugais. Le colloque s’était penché, entre autres, sur les effets dun éventuel tsunami sur El Jadida. Préciser les effets des tsunamis anciens a bien pour objectif de mieux prévenir ce type de risque dans l’avenir, de mieux s’y préparer notamment dans un contexte d’augmentation rapide des enjeux humains sur les littoraux (urbanisation, développement touristique) et dans un contexte de moyen-long terme d’élévation du niveau marin (changement climatique).
En Février 2024, le laboratoire géosciences marines et sciences du sol de l’université Chouaïb Doukkali en collaboration avec l’université Montpellier III ont organisé une table ronde sur la gestion des risques tsunami au Maroc, dans la cadre de la 18ème édition du congrès international Géorisques.
Pour plus de détails lire mon article paru dans le magazine Zamane (juillet 2023) intitulé « Et le tsunami de 1755 déferla sur le Maroc ».
Jmahrim()yahoo.fr