Léonard Marc Bernard, alias Marc Bernard, est né le 6 septembre 1900 à Nîmes, cette ville de France où il est mort le 15 novembre 1983. Écrivain français, classé souvent parmi les auteurs de la littérature prolétarienne dans son pays, il a connu beaucoup de difficultés financières. Bien qu’ayant quitté le parti communiste en 1927, Bernard reste un marxiste-léniniste convaincu. Il est lauréat du prix Goncourt en 1942 pour son roman « Pareil à des enfants ». Entre les deux-guerres, cet écrivain prolifique a vécu des situations mouvementées qui l’ont conduit à voyager et à vivre dans des atmosphères très différentes les unes des autres. Démobilisé après la guerre, il retourne vers sa ville de Nîmes où il se marie avec Else, née Elsa Reichmann, docteur ès lettres de l’Université de Vienne, juive autrichienne réfugiée en France après l’Anschluss (1938). Ils se rencontrèrent en 1940 et se marièrent à Nîmes la même année. Les époux n’ont pas un sou et pas même de quoi payer le loyer.
Il fera ensuite quelques voyages dans des pays qu’il considère comme pauvres : Majorque, le Maroc et la Grèce. À chaque fois, il vit de la même manière que les gens du pays. C’est ce qu’il explique dans l’un de ses livres « Vacances, 1953 ». Il dit, à l’époque : « Un pays comme le Maroc, où la paresse est respectée, avait bien de quoi me séduire. »
Au Maroc, Marc Bernard passe l’année 1946. Il arrive d’abord à Marrakech mais la chaleur de l’été l’étouffe à tel point qu’il la compare à l’enfer et à la façon d’agir sur lui comme « du garrote, à tours lents et légers ». Il choisira alors d’aller vers la côte atlantique à Mazagan-El-Jadida, où règne la fraîcheur de l’air marin. Il habite dans une échoppe abandonnée à la kissaria (marché de tissus et de babouches). Mais il ne précise pas laquelle car il y avait deux kissarias : celle des Nahon et celle des Tazi. Pour lui : « Une alvéole, une table, une chaise, un carré de ciel, une cour au ciment craquelé où poussait l’herbe, des oiseaux par douzaines, la liberté, le soleil, et au travail !… Cela dura deux mois. Deux mois de bonheur absolu. »
À El Jadida Marc Bernard apprécie les coutumes locales et se plaît à observer comment vivent les Doukkalis : la façon de manger des gens ou à écouter les instruments primitifs de musique. Dans cette kissaria qu’il dit désertée depuis des années il va se retrouver «prisonnier volontaire et comblé » tous les matins pendant son séjour. Il écrit au milieu d’une place auparavant un ancien marché où il se voit entouré d’autres commerçants qui croient qu’il est un écrivain public exerçant ainsi sa fonction. Il aime flâner dans ce paysage de la médina comme « spectateur, admirant la rue, les porteurs d’eau à demi nus, les teinturiers qui mettent à sécher sur des fagots des étoffes fraîchement teintes, le tanneur ou le tailleur qui tresse son fils ».
L’universitaire espagnole Ángeles Sanchez Hernandez, dans son article intitulé « Le voyage aux origines » précise que Marc Bernard passait son temps à El Jadida à parler avec les habitants de la ville de tout ce qui leur était cher, discutant aussi avec eux de leurs idées nationalistes face à la France colonisatrice. Un an après il quitta le Maroc avec regret car il y avait partagé la liberté de vivre du peuple marocain : « elle y est à la portée de tous, non point abstraite mais vivante. Son nom n’est pas gravé sur chaque monument ; elle est partout, comme le soleil et le vent». Il admire la liberté « qui ne reste pas dans les mots ni dans les lois, mais elle est inscrite dans la nature même de ces gens-là ».
Pour Marc Bernard, le mot « vacances » n’est pas seulement le loisir, le repos et le dépaysement, mais c’est aussi et surtout la liberté et le seul mode de vie acceptable.
Jmahrim()yahoo.fr