Chronique de Mustapha Jmahri : Réhabiliter le site Sidi Layachi

L’ancien centre antituberculeux Sidi Layachi, à deux kilomètres de la ville atlantique d’Azemmour, est aujourd’hui en ruines notamment depuis sa fermeture en 2017. À l’origine, campement militaire construit en 1912, il servait de caserne au temps du Protectorat. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il devint camp d’internement des opposants au régime de Vichy. Pour connaître plus de détails sur cet épisode, les lecteurs peuvent consulter mon article consacré au dit camp et publié dans le magazine Zamane en janvier 2019 (n° 93-94).
Dans les années 1950, le site fut employé comme asile pour vieillards européens. Fermé au début des années 1960, il ouvrit en 1966 en tant que sanatorium pour traiter les malades tuberculeux. L’endroit, se trouvant dans une zone boisée d’eucalyptus géants à quelques mètres de la rive droite de l’oued Oum-Erbia, semblait convenir à la guérison des personnes atteintes de maladies pulmonaires. Les quatre pavillons du site pouvaient accueillir plus de 80 malades à l’époque. Aujourd’hui ces anciens pavillons, avec auvent, sont délabrés et leurs plafonds avec des charpentes en bois en état de décomposition. En son temps, ce genre de construction apportait un cachet très classique et noble à l’ensemble. L’auvent pouvait servir aussi bien pour s’abriter de la pluie que du soleil.
En face des pavillons, existe encore une chapelle, avec sa porte centrale en plein cintre dans le mur pignon, qui fut utilisée, bien plus tard, comme logement.
Le bâtiment ayant abrité les malades a une série de fenêtres en hauteur et assez rapprochées pour apporter systématiquement beaucoup de lumière à l’intérieur. Les grilles de fenêtres, qu’elles soient en fer forgé ou en maçonnerie, adoptent le style « mozarabe » ancien ou contemporain.
C’est bien dommage de laisser aujourd’hui dépérir ce lieu de plus d’un siècle d’histoire. Le terrain dans son ensemble, s’étendant sur plusieurs hectares, peut être scindé en deux parties, tout en préservant celle construite à l’entrée du site pour la réalisation d’un projet au profit de la jeunesse et de la culture. Le lieu tout en verdure et loin de toute pollution est très approprié pour abriter un centre de création artistique et culturelle ou une résidence d’auteurs. Une réhabilitation adéquate des bâtiments existants est à même de sauvegarder le cachet authentique et historique du site et de le rendre plus attractif pour l’avenir.
La société civile et les intellectuels de la ville d’Azemmour, en concertation avec les autorités et les administrations concernées, sont appelés à réfléchir sérieusement sur la possibilité de création d’un projet utile à la jeunesse plutôt que de laisser ce magnifique domaine à l’abandon.
jmahrim@yahoo.fr

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