L’histoire de l’un des plus grands Raiss du Maroc : Raiss Ahmed (d’El Aounat vers la mer)


Si Ahmed, est né à El Aounat. A l’âge de sept ans il quitta, en compagnie de ses parents, la terre qui l’a vu naître pour rejoindre Casablanca.
A 14 ans, il entama ses recherches pour apprendre un métier « harfa » ou trouver du travail. Finalement son choix se porta sur le Port de Casablanca où il commença à se familiariser avec la vue des bateaux et l’abondance de poissons. A l’époque presque tous les chalutiers étaient la propriété d’armateurs espagnols. L’un d’entre eux, pour une raison quelconque, prit sous son aile le jeune Ahmed. Malgré la rudesse de la vie à bord d’un bateau de pêche, où le rythme est tout de même assez soutenu, il réussit à se dépasser et gravit les différentes étapes : d’abord en tant que mousse puis matelot et enfin marin pêcheur.
A vingt ans il se maria et fonda un foyer. Deux années, plus tard, naquit son premier enfant, une fille qu’il prénomma Khadija en hommage à la grand-mère récemment décédée.
Très vite, il s’activa à faire de son mieux et ne déçut point celui qui lui avait fait confiance. Très alerte et courageux il se fit vite remarquer et gagna ainsi la confiance de son patron qui le nomma, à l’âge de 28 ans, patron de pêche, autrement dit Raïss.
Et c’est ainsi qu’il se trouva à diriger, tout jeune, le « Guadalquivir » (ou l’Oued Leqbir) chalutier portant le nom d’un fleuve espagnol, tout comme il ne tarissait pas d’éloges sur les différents ports qu’il visitait tout au long de l’année.
Ses « déplacements » en bateaux ne se limitaient pas à Casablanca et ses environs. Pour ne citer que les principales villes connues pour l’abondance de leurs côtes en poissons de toutes sortes, il lui arrivait de séjourner à El Jadida, Essaouira et Agadir, d’ailleurs dans cette dernière il s’y trouvait lors du séisme de février 1960. Safi étant plutôt dotée de sardiniers il ne s’y rendait presque jamais.
En hiver, période connue pour ses longues périodes de « mauvais temps », on voyait son désarroi et sa tristesse aussi bien pour lui qu’à l’égard des membres de son équipage. En effet, tant que le chalutier était accosté au quai ils étaient au chômage. En d’autres périodes il partageait avec ses proches son bonheur les jours de grandes et belles prises de poissons dont il leur racontait jusqu’aux moindres détails.
La mer n’avait aucun secret pour lui : au son des vagues et à la vue de l’immensité de l’océan il avait « sa propre météo ». Il était une véritable encyclopédie regorgeant de noms de poissons du plus petit au plus grand ; tout y passait, qualités nutritionnelles, caractéristiques gustatives, valeur santé ….
Ceci dit, aussi absorbé qu’il l’était par son métier, qu’il aimait beaucoup, il parlait souvent avec nostalgie d’El Aounat. Il était fier de revendiquer ses origines bien qu’ayant quitté si jeune cette région de Doukkala. Son rêve c’était de pouvoir y retourner un jour mais l’occasion ne s’est jamais présentée et pour cause : ses parents ont habité Casablanca et y sont morts, son frère aussi de même que certains membres de sa famille. Les seuls échos qui lui parvenaient, de temps à autre, émanaient de quelques uns de ses amis originaires du même patelin.
Pour la petite histoire et aussi paradoxal que cela puisse paraître : Raïss Ahmed qui avait passé toute sa vie en mer, ne savait pas nager !
El Jadida Scoop

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