Souvent en marge dune rencontre naissent d’autres rencontres : c’est ce qui est arrivé ce jour de samedi 18 mai 2024. À la fin de mon intervention sur « Saint-Exupéry à Mazagan et à Boulaouane », aux Quatrièmes rencontres dAzrou auxquelles je participe pour la première fois, je suis contacté par un retraité, ancien dAzrou, qui a connu les lieux évoqués dans mon exposé.
Il s’appelle Dach Omar, né à Azrou en 1948, lauréat de l’École agricole dAïn Sebaâ à Casablanca. À l’âge de 11 ans, entre 1959 et 1967, il était hébergé avec ses trois frères (Assou, Ali et Moha) à l’internat du monastère bénédictin de Toumliline à cinq kilomètres dAzrou. Pendant la période de 1964 à 1967, sa présence à l’internat était intermittente. Ses autres camarades venaient dAzrou et de sa région ainsi que de Midelt, de Errachidia et de Ouarzazate.
Après le départ des moines du monastère, précise Omar, le site fut repris par la Formation professionnelle, puis fermé de nouveau après une certaine période.
Son frère aîné, Assou, après des études de mécanique au centre de formation de Berliet à Lyon, retourna au Maroc et travailla comme instructeur en mécanique au Centre de formation agricole de Khémis Mtouh (CFAD) relevant de l’Office de Mise en Valeur Agricole des Doukkala. Ce centre a été successivement dirigé par trois techniciens français : Guillemard, Angenot et Robert Gagnère. L’établissement changea d’appellation et devint CRAFA (Centre de formation des fils agriculteurs).
Dach Omar, travailla plusieurs années en Doukkala au sein de l’Office de Mise en Valeur Agricole jusqu’en 1977. Il était vulgarisateur à Béni Khlef, puis à Khémis Mtouh et ensuite en tant que contrôleur laitier détaché auprès de la COMAGRI. À cette époque, il logeait au CRAFA à Khémis Mtouh.
Mon interlocuteur précise que lorsqu’il était hébergé au monastère de Toumliline, il n’était pas orphelin comme certains de ses camarades mais c’était seulement au titre de la solidarité. Il souligne aussi que les moines ne pratiquaient aucun prosélytisme envers les adolescents marocains. D’ailleurs, précise t-il, les enfants n’avaient jamais accès ni à la chapelle ni à son entourage immédiat et cela a été prouvé par les témoignages publiés des anciens dAzrou qui avaient connu ce lieu. Le mois de Ramadan, les jeunes jeunaient et pratiquaient leur religion musulmane librement comme ils l’auraient fait sils étaient restés dans leur propre famille. Aujourdhui, le monastère de Toumliline, explique Omar, a totalement disparu et il nen reste que des vestiges presque cachés par les arbres. Une pancarte sur la route indique l’endroit.
En 1977, Dach Omar demanda sa mutation à l’Office agricole de Tafilalet où il exerça jusqu’à sa retraite administrative. Pour lui, son retour à Azrou, sa ville natale, est un retour aux sources.
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