Chronique de Mustapha Jmahri : Quand Abdelkader Retnani me qualifiait de militant de l’édition

  Abdelkader Retnani (1945-2023), patron des éditions La croisée des Chemins à Casablanca, était connu au Maroc surtout comme un grand ténor de l’édition. Après sa mort, les avis étaient unanimes pour dire qu’il était un visage marquant de la culture marocaine et un homme de vision choisissant des publications qui étaient à même de susciter le débat.

Je me bornerai ici à évoquer deux ou trois souvenirs que j’ai de cette personne en relation avec mon parcours d’écrivain. Ce sont d’ailleurs de doux souvenirs qui m’ont donné une belle image de cet homme de culture.
Ma première rencontre avec Si Abdelkader remonte à 2008 dans sa librairie au quartier Maarif en présence de Marie-Louise Belarbi et de madame Rochdi. Je venais de déposer mon livre n°6 de la série Les cahiers d’El Jadida « Paroles de Mazaganais ». À mes débuts, je ne croyais pas qu’il serait accepté dans cette librairie francophone hautement fréquentée par un prestigieux lectorat casablancais, mais ce fut le contraire. À la fin du mois, l’hebdomadaire « Le Journal » dans sa rubrique sur la vente des livres, fit figurer mon livre en première position des ventes selon les statistiques de la librairie Carrefour des livres. Naturellement, modestie oblige, ce n’était pas mon style qui comptait, le français restait toujours une deuxième langue pour moi, mais c’était pour les mémoires qu’il contenait et qui couvraient plus d’un siècle d’histoires vécues au Maroc. Péroncel-Hugoz, journaliste émérite au Monde, qui m’en a informé, alors qu’il était de passage à Sidi Bouzid chez son ami Michel Amengual, en était impressionné.
Depuis donc 2008, j’ai pu présenter mes livres au sein de cette librairie attirant aux séances de dédicaces une certaine communauté jdidie installée à Casablanca qui m’a d’ailleurs encouragé à persévérer. Je citerais, par exemple, la ministre Nouzha Skalli, l’ancien gouverneur Si Bouchaib Rmail, le docteur Brahim El Hentati, Si Mostafa Hcine, feue Malika Ait Kaci, l’homme d’affaires Si Jamal Bouamrani et bien d’autres noms.
Je n’oublie pas également que lors de la présentation de mon livre « La communauté juive d’El Jadida » à la librairie Carrefour des livres, Si Retnani assista à la séance et, qu’à la fin, il me demanda de lui dédicacer un exemplaire qu’il tint à payer, comme tout autre lecteur, alors que je pouvais volontiers lui offrir mon livre. Son attitude mettait en évidence le fait qu’il respectait l’écriture et lui vouait une grande estime.
Le troisième souvenir, que je tiens à évoquer, est que lors de la table ronde sur l’édition au Maroc, tenue à El Jadida à la médiathèque Driss Tachfini, et à laquelle j’ai participé en compagnie d’Abdelkader Retnani et de l’autre éditeur Camille Hoballah, fondateur de la maison Afrique Orient, il m’avait, séance tenante, qualifié de « militant de l’édition ». Il faisait allusion aux Cahiers d’El Jadida que je publiais depuis une trentaine d’années par mes propres moyens. 
Abdelkader Retnani n’a jamais failli à sa mission d’homme du livre et de l’édition. Il savait apprécier les efforts sincères entrepris par certains bénévoles.
Jmahrim()yahoo.fr

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