Avec son parc industriel de Jorf Lasfar, ses unités pharmaceutiques, agro-industrielles, ses ressources agricoles, son patrimoine, El Jadida est une ville riche, cependant, et avec toutes ces potentialités, les jdidis s’accordent à dire que leur ville marche à reculons.
Aussi bien pour son organisation, son hygiène, son urbanisme, son plan de circulation, le civisme de ses habitants, la capitale des Doukkalas était donnée en exemple en matière de propreté dans les années 60/70.
Force est de constater, aujourd’hui, que pour ne pas subir la dure réalité du présent et un futur incertain, ils sont nombreux à se refugier dans un passé nostalgique.
Aussi bien le centre-ville, qui était, et pendant des années, épargné et qui faisait sa gloire, avec le théâtre, les bâtiments de la poste, de la banque, l’immeuble Cohen, que les différents quartiers de la ville, Hay Salam et Najd, Melk Chikh, Hay al-Matar, Sidi Moussa, les écoles et les cliniques de la ville croulent sous les ordures qui restent jetées dans les rues pendant plusieurs jours sans être collectées, exposant la vie des citoyens à diverses maladies infectieuses, en particulier les femmes et les enfants.
La décharge sauvage fait ravage partout.. Ajoutons à cela les troupeaux d’animaux quI circulent librement en laissant leurs déjections derrière eux.
La faute est en ballotage. Ce sont les éboueurs qui ne passent pas assez souvent ou ne ramassent pas tout; ce sont les bacs à ordures qui sont trop petits, ou défoncés ou qui n’existent plus; ce sont les horaires de ramassage qui ne sont pas adéquats… Cela donne une image apocalyptique, un cadre de vie des plus vils, qui dénote de l’absence totale d’une culture environnementale.
La question mérite d’être posée : Comment en est- on arrivés là ?
À ce sujet, les opinions convergent.
Les raisons de cette descente aux enfers sont multiples mais la mauvaise gouvernance y est pour beaucoup.
Dans les années 60/70, El Jadida avait décroché le premier prix en matière d’hygiène et de propreté, et ce , grâce à des gestionnaires qui avaient à cœur le bien de leur ville…Il y a un principe mondialement connu qui dit : qui gouverne prévoit, or ce n’est pas ce que nous constatons aujourd’hui. Occuper un poste de responsabilité aussi important que celui de président d’un conseil communal est une lourde responsabilité. Ce n’est pas facile d’être à l’écoute des citoyens, mais aussi, et surtout, il faut les impliquer, les faire participer, les sensibiliser, ainsi que les enfants, car, souvent, ce sont les enfants qui sont chargés de jeter les sacs-poubelles.
Cette approche est totalement absente de nos jours ; on a l’impression que chacun agit en solitaire ; la situation d’insalubrité que connaît la ville n’est certainement pas dûe à un manque de moyens ; mais surtout aux mauvaises habitudes, à l’individualisme, à l’inconscience des habitants . » Une route propre ne dépend pas seulement de l’efficacité du service de nettoyage, mais de l’éducation des personnes qui passent par là ». Dès que le sac-poubelle quitte la maison, le citoyen croit qu’il n’en est plus responsable, pour la simple raison qu’il a quitté sa vue ; la voie publique semble n’appartenir à personne. Les éboueurs commencent leur travail tôt le matin, pour le ramassage de ce qui a été déposé la nuit, or les citoyens déposent les ordures à longueur de journée. Bref, El Jadida, la perle de l’Atlantique et reine des plages à une certaine période de son histoire, est devenue la ville de tous les pires superlatifs: saletés, chaos, pollution y règnent en maîtres absolus.
De tous ces problèmes, on a déjà parlé, on en parle aujourd’hui, et on en reparlera à satiété, parce qu’on l’aime, notre ville, d’un amour inconditionnel, et on souhaite la voir , sinon se développer et figurer parmi les villes les plus agréables du pays, mais du moins redevenir ce qu’elle a été par le passé.
Khadija Benerhziel