La Commune « Urbaine » d’El-Jadida patauge dans la médiocrité.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Commune Urbaine d’El-Jadida ne jouit pas d’une bonne réputation auprès des jdidis : lenteur, bureaucratie, mauvais rendement, indiscipline, absence d’organisation, d’études sérieuses, de suivi, d’évaluation, d’une bonne maîtrise de travail…

Autant de facteurs qui la marginalisent et la placent dans l’incapacité d’accompagner les mutations traversées par notre ville.

Mais à qui la faute ? À ses cadres ou aux élus qui donnent les ordres et gèrent à leur guise ?
Il faut dire qu’aussi loin que remontent nos souvenirs, exception faite du conseil communal présidé par feu Arsalane Al Jadida au milieu des années soixante dix, aidé dans sa tâche par un grand Pacha de la trempe d’ Al Alaoui, presque tous les autres conseils qui se sont succédé à la tête de cette ville, ont beau essayer toutes leurs « potions magiques et expérimentations abracadabrantes » pour redonner à cette ville, ne serait ce qu’un tant soit peu, de son aura d’antan…mais en vain…
Maints projets n’ont pas connu l’aboutissement souhaité à cause de mauvaises directives ; d’une mauvaise gestion; de lois pas bien assimilées ou mal interprétées; de certaines ressources humaines non qualifiées et dont les compétences requises ne permettent pas de mener à bien certains projets; de mauvaise formation du personnel…
Il faut dire que le mal est profond et que notre politique nationale en est aussi pour quelque chose.
En une soixantaine d’années, nos communes sont passées de 801 à 859, pour exploser d’un coup et faire un bond spectaculaire à 1544, puis 1547… pour atteindre aujourd’hui 1603.
La seule et unique finalité d’un tel découpage, n’a jamais été la viabilité de ces communes. Pour notre ancien ministre de l’intérieur Basri, comme pour tous ceux qui lui ont succédé, ce découpage n’est dicté que par des soucis politiques et non économiques.
Ceci explique l’existence de toutes ces communes non viables, qui continuent à survivre par perfusion, en attendant une disparition inéluctable.

Près de 500 d’entre elles , sont aujourd’hui gérées par des présidents analphabètes ayant réussi à passer à travers les mailles des filets.
Il s’agit souvent de cas, où les plaintes déposées contre des présidents, l’ont été, après le délai légal de huit jours.
Pour les Vice-présidents par contre et aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune loi ne les oblige à savoir lire et/ou écrire, bien qu’ils soient souvent appelés à diriger par intérim. Une autre faille, que ces Vice-présidents analphabètes exploitent à merveille, puisqu’ils sont souvent les réels présidents de leurs communes.
Cependant, détenir un ou plusieurs diplômes, n’a jamais été garant du bon profil ou du bon gestionnaire.
Des pays comme la Corée du sud, le Japon… sont là pour nous servir d’exemple. Ils n’ont pour toutes richesses que leurs ressources humaines et la qualité de leur formation.

Au Maroc, les multiples découpages opérés sans véritables études préalables sur les plans économique, social, culturel… ont fini par donner, deux sortes de communes :

– Des communes incapables de réaliser le développement souhaité par manque de moyens financiers et d’autres qui n’arrivent pas à réaliser ce développement, en dépit de tous les moyens mis à leur disposition.
Pourquoi ?
Pour la simple raison, que gérer une commune, ne se limite pas au respect des lois en vigueur, tout en omettant de se soucier des objectifs atteints et leurs évaluations.
Gérer une commune, c’est, avant tout, avoir un programme préétabli, (routes, électrification, égouts…) ; connaitre le volume du projet ; savoir le jauger, pour mieux l’évaluer par la suite : juger son importance, le degré d’attention qui mérite de lui être accordé, établir des diagnostics précis pour parvenir à des constats justes et réalistes…
Gérer une commune, c’est aussi prendre soin de son patrimoine et d’essayer de le fructifier.
Une commune qui n’a pas de patrimoine, est une commune condamnée à acheter au prix du marché. C’est une commune endettée, qui passe son temps à se débattre pour le remboursement de ses créanciers.
A El-Jadida la commune a bradé tous ses terrains à l’OCP sous l’ère de feu Al Masmoudi. D’autres biens sont aujourd’hui loués ou cédés pour des bouchées de pain.

Gérer une commune, c’est réaliser une étude matérielle afin de connaitre les moyens en sa possession et ceux qu’on est en mesure d’investir.

C’est aussi la capacité d’être à même de rectifier le tir et de trouver les solutions adéquates à chaque fois que les circonstances le dictent:
-Tous les abattoirs du Royaume sont déficitaires et pourtant, pas une seule commune n’essaye d’y remédier. Celui d’El-Jadida est un véritable dépotoir.
Pour tous ces abattoirs, il est peut être temps de ne plus s’arrêter à une seule prestation, mais de les multiplier, en fabriquant, par exemple, des produits dérivés qui puissent engendrer des bénéfices et les aider à renverser la donne.
Poser la bonne question, c’est déjà un début de réponse…Parce que d’une part, le problème est réel et on ne peut plus feindre de l’ignorer et d’autre part, la jeunesse veut et finira par faire bouger les choses en mieux, Incha’Allah.
Abdellah Hanbali

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