Jadida : L’hôtel Marhaba, une mémoire nationale, toujours agonisant.

C’est l’ex- hôtel Marhaba s’étendant sur près de 5 hectares. Un hôtel prestigieux, impérial et historique.

Historique parce qu’il a été témoin de plusieurs événements historiques du temps du protectorat et à l’indépendance.

Historique parce qu’il a été la destination privilégié du Libérateur et du père de la Nation feu S.M le Roi Mohammed V.

Témoin, donc, de mille et un événements historiques et intimes, ce patrimoine demeure la fierté de toute une ville et de toute une région. Mais des mains criminelles s’en sont accaparées, un certain jour dans une transaction louche, et l’ont transformé, au grand dam des bonnes âmes et sans prendre compte de sa valeur historique, en un lieu de déperdition, de débauche et de consommation de la bière « périmée ». Sans aucune pudeur ni pour son glorieux ni pour prestigieux passé. Et encore moins à ce qu’il signifiait et représentait pour toute une communauté marocaine, française et juive. Sans respect, aussi, à la mémoire de ceux qui en ont fait un bijou.

Cet hôtel réalisé, dans la station balnéaire d’El Jadida, s’insère dans une zone plantée d’eucalyptus, comprenant un parc au tracé ancien adossé à la plage, et offrant, ainsi, un cadre de verdure en bordure de l’océan. L’architecte a voulu offrir deux vues à la fois. Une sur le parc Mohammed V et une autre sur la mer pour donner à l’occupant de chaque chambre l’impression qu’il a toute la vue pour lui. Ceci, enfin, pour briser la monotonie en échappant à la forme rectangulaire et ce, en suivant l’implantation les courbes des allées du parc. Aujourd’hui, il est dans un piteux état de délabrement avancé. Emmuré, il est abandonné à son propre sort et à des mains sans scrupules qui l’ont dilapidé et pillé de tous ses biens singuliers. Comme il est le refuge de SDF et de vagabonds.
Pourtant, une lueur d’espoir pour sa résurrection était apparue un certain jour. Un groupe français l’avait acheté, en 2006, au liquidateur du ministère des Finances, en charge de la gestion des biens qui étaient encore en suspens de la société « Renaissance » et qui avait été liquidés. Une convention, entre les deux parties, avait été paraphée dès lors. Marhaba aurait été cédé pour un prix de 32,2 millions de dirhams. 250 autres millions de DH avaient été prévus pour sa transformation. Les nouveaux propriétaires envisageaient de réaliser un ensemble résidentiel senior. El Jadida marhaba.

Selon le plan présenté par l’architecte, l’architecture de l’hôtel existant serait préservée. Sa rénovation permettrait l’aménagement de 41 chambres, des suites, d’un restaurant-bar et d’une salle de conférences et de spectacles. De plus, un autre restaurant panoramique avec terrasse donnant sur l’océan serait édifié. Sur les terrains de l’immense jardin, seraient construits 70 riads à étage sur des superficies variables. 1O « dars » de 300 m2, 30 « douirates » de 200 m2 et 30 « douiriyates » de 140 m2.

Autour des riads, les investisseurs comptaient installer 7 piscines, un SPA, deux courts de tennis et un club house pour les jeux d’animation. De l’autre côté de l’hôtel, un autre restaurant sur 500 m2 serait aménagé avec une entrée directe depuis l’extérieur. Selon le projet, les voitures ne pourraient accéder à l’intérieur pour préserver la quiétude des lieux et sauvegarder l’environnement. Un parking devait être aménagé à l’entrée avec une capacité de 120 places. Des voitures électriques permettraient l’accès aux résidences et à l’hôtel. Selon des sources proches du groupe acheteur, les investissements seraient de l’ordre de 23 millions d’euros (près de 250 millions de DH). Le projet engendrerait 200 emplois directs et plus de 400 autres indirects. Le démarrage des travaux de construction et d’aménagement était prévu pour le premier décembre 2006 pour des délais de 14 mois. L’hôtel and resort seraient opérationnels en février 2008.

Malheureusement, tout s’est évanoui. Rien n’est apparu à l’horizon. L’état de ce patrimoine, fermé depuis 1996, est resté stagnant.. Lors d’une rencontre organisée au siège de la Province d’El Jadida, au début du mois de mai de l’année 2012 , entre M. Lahcen Haddad, Ministre du tourisme et les opérateurs du secteur touristique , le gouverneur de la province d’El Jadida, monsieur Mouâd Jamii avait soulevé le problème de ces deux hôtels, laissés à l’abandon. Il avait demandé, jusqu’à supplier, monsieur le ministre de soulager les doukkalis de ce ’’ lourd et épineux héritage’’. Le ministre avait répondu : « nous allons réagir ».
On est en 2024… on attend toujours

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