Madame Jeanne Abert dite Jeannette est née à L’île d’Yeu en France en 1920. Elle rejoint le Maroc à 18 ans avec son mari Charles Abert qui était déjà au Maroc depuis l’âge de 7 ans.
Son premier garçon, Christian a vu le jour à Casablanca pendant le service militaire de son père. Après quelques années passées à Boujaad où le cadet Yves est né, c’est là qu’ils ont fait la connaissance de Nini et Paul Laffineur qui sont devenus leurs amis de cœur. Puis, ils vécurent à Khouribga. En 1952, monsieur Abert fut muté à El Jadida au collège Mohamed Rafy dans l’enseignement technique (menuiserie). Ses deux collègues, dans les ateliers de l’établissement étaient messieurs Lughérini (ferronnerie) et Bonne (mécanique). Madame Abert, quant à elle, ne travaillait pas, comme beaucoup d’épouses en ce temps-là, mais était très active. N’aimant jamais l’oisiveté, elle a pris des cours de sténodactylographie chez madame Racat et a souvent remplacé madame Simonneau dans son épicerie de l’avenue Richard d’Ivry (actuelle avenue Hassan II).
Elle adorait conduire et prenait la voiture pour voyager et visiter le Maroc, l’Espagne et même aller en France. Devenue une bonne conductrice, elle participa à un Gymkhana où une des épreuves consistait à tenir la voiture en équilibre le plus longtemps possible sur deux planches qui faisaient bascule. Lors du gymkhana automobile organisé par le Syndicat d’initiatives à El Jadida le 11 juillet 1970, Jeanne a reçu le prix spécial en sa qualité de seule concurrente à cette compétition, parmi une vingtaine de concurrents marocains et français.
Jeanne adorait nager et allait souvent à Sidi Bouzid avec ses amies mesdames Paul Lagache et Martial Tackx. Elle pratiquait aussi du volley-ball et était inscrite au club de Karaté d’El Jadida.
Dans les dernières années de son séjour à El Jadida, elle était gérante du bar du club Nautique où son fils (professeur de mathématiques au collège Lalla Meyriem) était d’ailleurs trésorier. En 1985, ils sont rentrés définitivement en France et se sont installés à l’île d’Yeu, son île natale. Plage et bridge étaient ses principales occupations. Souvent, elle reparlait de « son » Maroc et des souvenirs qu’elle avait laissés derrière elle. Dans le garage de la maison, elle avait vissé la plaque minéralogique marocaine de son dernier véhicule.
Jeanne Abert s’est éteinte à l’âge de 96 ans et a emporté avec elle, ses souvenirs d’une vie pleine d’activités et de ses meilleures années passées au Maroc.
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