El jadida, la ville où tout n’est plus que désolation, désordre et incivisme..

Bienvenue à El jadida, la capitale des Doukkala ! Mazagan ou Deauville! La perle de l’Atlantique ! La ville aux multiples atouts, où il fait bon vivre, en raison de la douceur de l’air marin qui se dégage de ses belles côtes, une ville calme, accueillante et agréable, au charme suranné de par son architecture qui transporte dans le temps et l’espace, et dont le passé grandiose est toujours marqué dans les mémoires et dans les monuments. Une ville multiculturelle et cosmopolite !

Cette introduction n’est pas une publicité qui vante les mérites et les atouts d’El jadida, mais c’est la réalité qui attirait et séduisait ses visiteurs dans un passé pas très lointain.
Aujourd’hui, au lieu de séduire , elle est devenue laide et repoussante ! Oui.. repoussante par son désordre et son chaos!
Ville ou campagne ?
C’est avant tout la question que l’on se pose dès qu’on y entre.
Les sempiternels chantiers de travaux gangrènent la route et la circulation est passée du stade difficile à pratiquement celui de mission impossible.
Entre déviations, chaussées défoncées, ou cabossées, on perd complément le nord ou même tous les points cardinaux.
On est accueillis par mille trous ( si c’était le baghrir aux mille trous avec un bon thé ce serait mieux), qui détériorent les voitures, pneus crevés ou jantes abîmées font le désespoir de plusieurs automobilistes qui sont obligés de faire du gymkhana pour s’extirper des embouteillages.

En s’aventurant à l’intérieur de la ville, ils doivent faire face aux charrettes des marchands ambulants qui ont fini par s’y installer et dictent leurs lois sur la circulation , tout comme sur la propreté, et gare aux automobilistes qui leur volent leur priorité !

Les automobilistes passeront certes en premier, mais emporteront avec eux non pas des sacs de fruits ou légumes , mais des sacs bien remplis d’insultes .

Si un conducteur est gentil et patient, ce qui n’est pas toujours le cas, il va être obligé de s’arrêter toutes les 5 secondes pour laisser traverser des troupeaux de personnes et de bêtes…

Les gens ont la flemmingite pour emprunter les passages pour piétons, et des moutons , des boeufs , des ânes, et des chiens déambulent nonchalamment sur les routes, car ils font aussi partie des êtres vivants que la ville abrite actuellement.

La ville est devenue aussi un « lieu d’opportunités » . N’importe qui peut se réveiller un beau matin, installer son étal sur la voie publique ou charger sa charrette de marchandises et occuper l’espace public, simple comme bonjour…

Pour d’autres, c’est devenu un sport national que de détruire les panneaux de signalisation , les éclairages publics , uriner n’importe où sans être punis ; au contraire, les témoins de ces bêtises en rigolent et la vie continue tout bonnement. Le pire dans tout cela est que ces biens publics endommagés ne sont pas réparés ou remplacés , ou bien rarement, ils font désormais partie du décor de la ville …

Bienvenue à El jadida, une ville où les seuls jardins et espaces verts qui y existent ont été en grande partie aménagés sous le protectorat. Depuis, ils se dégradent graduellement et aucun nouveau n’a vu le jour.

Les piétons n’ont plus la priorité sur les trottoirs parce que ceux-ci sont pris en otage par les ferrachas ou par les voitures garées anarchiquement ; ils sont obligés de marcher sur la chaussée en courant le risque d’être fauchés par les véhicules.

Et pour en rajouter une couche, bus et taxis s’arrêtent partout et n’importe comment pour prendre ou faire descendre des clients, évidemment en bloquant à chaque fois la circulation.

Repoussante elle l’est également en devenant ville dépotoir et pissotière à ciel ouvert Tout le monde la considère comme telle en jettant les déchets par terre et pratiquement n’importe où, et en urinant partout ne respectant ni lieux culturels ni monuments historiques…

Bravo à tous ces conseils communaux qui se sont succédé à la tête de cette pauvre ville et qui avaient la responsabilité de la chose publique, pour leur manque de professionnalisme et leur laxisme flagrant.
Ils ont créé toutes les conditions nécessaires pour y instituer le chaos , elle qui était un modèle d’ordre, de propreté, est aujourd’hui devenue un modèle de chaos .
Les jdidis doivent-ils continuer à vivre éternellement dans ces conditions ?
Doivent-ils rester ignorés et leurs doléances et leurs coups de gueule voués à tomber dans l’oreille d’un sourd ?
Comment pourrait-on appeler le fait de vivre sa vie et mourir, occuper un poste de responsabilité sans rendre le plus petit service à sa ville ? Sans placer l’intérêt public dans toutes ses actions et tous ses actes aussi élémentaires soient- ils? Trahison? incompétence ? Manque de conscience citoyenne ? Opportunisme et manque de patriotisme ? Que laisser aux générations futures d’une ville qui a connu un passé glorieux ?

Mais il est vrai que pour certains irresponsables, après moi le déluge est le maître mot…
Khadija Benerhziel

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