Théâtre Afifi d’El Jadida : l’inéluctable dérive…

« Construit au début des années 1900, le théâtre Afifi est un bel exemple d’architecture de style colonial à El Jadida.
Les murs extérieurs pâles éblouissent au soleil et la belle place environnante ajoute à la splendeur discrète du bâtiment.
Il y a des bancs dans la zone piétonne où les visiteurs peuvent s’asseoir et prendre leur environnement, avec des arbres, des paniers suspendus de fleurs, des parterres de fleurs et des statues qui ajoutent à la jolie scène.

Essayez de visiter le soir quand la fontaine est illuminée comme par magie. »

Il s’agit là d’une description idyllique lue sur une publicité touristique, vantant la beauté d’un haut- lieu de culture, censé être entouré de tous les soins par les gestionnaires locaux et par les responsables de la culture de la ville.

Hélas ! La réalité est tout autre!

L’état actuel de ce joyau architectural de la ville donne froid dans le dos. Cet édifice historique considéré comme le deuxième théâtre du Maroc après celui de Casablanca, qui a connu des heures de faste et de gloire , à l’époque où il se prénommait salle des fêtes, où l’on valorisait l’art et la culture, et où nombre de représentations culturelles de toutes sortes ont eu lieu , des bals masqués et des soirées dansantes, et qui a vu défiler sur son amphithéâtre des célébrités artistiques aussi bien marocaines qu’etrangères, eh bien, il est en train d’agoniser dans l’indifférence totale de tous. Aussi bien des citoyens que des autorités censées le protéger et le valoriser..

Des budgets faramineux ont été engloutis pour ses multiples rénovations, sans pour autant
restituer à la ville son théâtre ancestral, ou lui en offrir un à la hauteur des aspirations de ses habitants ou des amateurs amoureux du théâtre.
Ne parlons pas de son intérieur qui connait un tel état de dégradation, au niveau de l’éclairage, des équipements en meubles et en sanitaires.

Dégradation qui ferait se lever de sa tombe feu M.S. Afifi, qui a marqué d’une manière admirable la période où il en fut le directeur.

Lais parlons de ses fontaines , à l’extérieur, qui ont coûté plusieurs milliards de centimes, mais qui ne fonctionnent pas, dans leur inutilité flagrante.
Mais on peut dire qu’elles n’ont pas été aussi inutiles que ça, puisqu’elles ont servi de douches aux estivants qui venaient rincer le sel de la mer d’à côté, et de stations de lavage des voitures pendant quelque temps…

Une honte que l’argent du contribuable puisse être gaspillé de la sorte sur des projets échoués.

Tant d’efforts perdus pour rien, alors qu’il suffit de se contenter des jets d’urine de tous les alcooliques de la ville qui viennent se soulager sur ces murs chargés d’histoire, les transformant en urinoir public..et traçant sur les trottoirs alentour des dessins géométriques abstraits.

A bon entendeur…

Khadija Benerhziel

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