Par Henri-Pierre Rodriguez
Mon nom est Henri-Pierre Rodriguez,
Ma vie professionnelle a commencé comme professeur au Maroc au titre de la coopération, mon premier poste fut celui de professeur d’histoire et géographie au lycée Ibn Khaldoun d’El Jadida, c’était il y a très longtemps de 1968 à 1970, l’enseignement se faisant encore en partie en langue française je préparais mes élèves aux baccalauréats marocain (AS) et français.
El Jadida, Mazagan, était alors une ville désuète avec un centre très « sous-préfecture » française, une médina exubérante de vie et la fameuse cité portugaise qui continuait son long effritement.
Mazagan me séduit intensément, indélébilement, et, avec le temps et une vie mouvementée, m’est restée fichée en cœur et en esprit.
Il y a quatre ou cinq ans lors d’un retour à El Jadida, un pèlerinage mémoriel à vrai dire, le hasard, si tant est qu’il existe, me fit rencontrer Mustapha Jmahri qui enrichit mes déambulations dans cette ville transformée par la mutation du progrès.
Mais aussi, et surtout, Mustapha se révéla être le très averti gardien de la mémoire de Mazagan-El Jadida.
Mustapha est un écrivain érudit qui inlassablement quête et enquête les disjecta membra des temps révolus, notre passionné de sa ville recueille témoignages chez ceux qui sont restés et ceux qui sont partis laissant une partie de leur cœur de la vieille cité.
Sous la plume de Mustapha, le lycée Ibn Khaldoun, les rues, la forteresse, les parcs et la plage de ces temps-là revivent magistralement. Mais pas seulement, toutes les familles de toutes confessions sortent de l’oubli auquel la marche du temps les voue inexorablement et nous rappellent qu’une époque sans radicalisme intolérant a existé et que El Jadida fut le théâtre de ce monde où tout le monde voisinait en bonne intelligence les enfants de toutes confessions jouant ensemble.
Mustapha est donc un passeur de mémoire dont le talent d’écrivain au service d’un esprit d’érudition remarquablement documenté.
Parmi les 24 publications des Cahiers d’El Jadida il en est deux toujours à portée de main : « fragments de vie » et « mémoires du lycée Ibn Khaldoun d’El Jadida », mais ce n’est pas tout, Mustapha cornaque aussi l’édition d’une brochure qui fait le lien entre les « anciens » de Mazagan qui ne tarissent pas de souvenirs émouvants et se retrouvent pour beaucoup dans la joie d’un banquet annuel dans le sud de la France.
Et Mustapha, dans sa quête acharnée n’a pas fini en bon jardinier de l’esprit de nous rappeler les racines sans lesquelles nos envols n’auraient pas de sens.
Merci Mustapha, et à bientôt.