L’information est tombée comme un couperet sur beaucoup de Jdidis et amis de la grande famille Bencherki : la disparition ce vendredi 16 février 2024 à Casablanca dune grande figure de la famille madame Chafika Bencherki, épouse de monsieur Abdelkrim Bencherki, Président de l’association des Doukkala, suite à une longue maladie. Née à El Jadida, Chafika Bencherki était une sportive émérite, joueuse classée du Tennis et ancienne présidente du club casablancais le RUC.
En 2019, elle avait participé à mon travail de mémoires et de témoignages des femmes dEl Jadida sur la période 1949-1969. Elle avait donné un aperçu sur sa famille et son parcours scolaire et sportif ainsi que son point de vue sur le Protectorat.
Elle appartient à une famille qui s’adonnait à la culture et aux sports. Ses frères et surs étaient tous des sportifs. Ainsi, ses frères, Si Mohammed et Abdellah, jouaient dans la célèbre équipe de handball dEl Jadida (EJUC), alors que Rachid et Ahmed étaient affiliés à l’équipe nationale de volley-ball. Elle-même, en parallèle à sa scolarité, a suivi des cours de natation et de plongeon au port avec le célèbre maître-nageur Larbi Bousselham. Elle avait pratiqué également l’athlétisme et le handball et c’est d’ailleurs ce qui lui a permis, plus tard, de devenir joueuse classée de tennis puis présidente du club le RUC et enfin dirigeante au sein de la Fédération Royale Marocaine de Tennis.
Chafika Bencherki a fait sa scolarité à l’école primaire du marché puis au collège de Mazagan entre 1954 et 1961. Elle a vécu cette période d’apprentissage intense dans l’harmonie et la bonne ambiance auprès de parents qui respectaient les traditions certes mais qui avaient un esprit évolué. Elle na donc senti aucun étouffement dans son éducation. C’est ainsi, quen plus du sport, elle suivait des cours de piano chez les Bonnes Surs ainsi que des cours de théâtre et de chorale chez madame Reine Fertinel. Celle-ci dirigeait chez elle, dans la rue Pasteur, une école de musique. Elle fréquentait également le ciné-club avec ses autres amies de différentes nationalités telles : Khadija Bouchtia, Marie-Claude Ingarào, Françoise Carbou, Colette Moret, Zina Mouine, Arsalane et Andrée Marco.
Dans son témoignage paru dans mon livre, Chafika Bencherki a également donné son avis sur la parenthèse du Protectorat. Elle a dit : « Avec le recul, le Protectorat a signifié pour moi une gestion du pays discrète et constructive mais il na pas permis à notre société d’évoluer ou de se moderniser aussi rapidement qu’il eût été souhaitable. L’indépendance a donc été perçue avec un vif sentiment de fierté, de liberté et de patriotisme. Nous, les jeunes, nous voulions participer à une émancipation rapide du pays et nous avions l’intime conviction que ce décollage ne pouvait se réaliser que par l’implication de la femme marocaine. Sans la participation active de la femme, aucun vrai développement ne peut être possible ».
Sur le devenir de la ville dEl Jadida, Chafika Bencherki précise : « Il a fallu attendre l’année 1975, pour que la ville dEl Jadida connaisse un regain d’activité avec la création du port de Jorf Lasfar et de l’implantation progressive des activités de l’OCP et d’industries diverses. Malheureusement, le volet culturel est resté le parent pauvre dans cette évolution ».
Paix à son âme et toutes nos sincères condoléances à lami Si Abdelkrim Bencherki.
jmahrim@yahoo.fr