El-Jadida : La culture? Quelle culture?

Par: Abdellah Hanbali

Bien sûr qu’on ne peut dissocier le culturel de l’économique et du développement tout court.

Bien sûr que la pire des pauvretés, ne peut être qu’intellectuelle, et que par extension, tracer une politique à l’intention d’une ville, c’est toujours commencer par la partie la moins matérielle : la Culture…

Pourquoi ?

-Parce que c’est à partir de ce postulat, que les habitants d’une ville ou d’une nation donnée, donneront de l’importance au reste.

Malheureusement, l’image qui nous est renvoyée par, élus et autres composantes de la chose publique de cette ville, ne dépasse guerre l’organisation des Moussems.
Ils oublient que la Culture c’est aussi, bâtir des conservatoires de musique, des centres culturels, des salles couvertes, des terrains de proximité, des théâtres, des maisons de jeunes, des cinémas, des librairies….

Ils oublient qu’investir dans la culture, c’est asseoir une plate forme solide et avec des objectifs clairs.

Que peut valoir en fait, l’organisation de festivals de musique dans une ville sans le moindre conservatoire public de musique ?

De quelle culture parle-t-on et quelle culture avons-nous à faire valoir, lorsque la ville organisatrice de plusieurs festivals et recevant des dizaines de milliers de visiteurs pendant les grandes vacances, ne possède même pas… une toilette publique?

N’a-t-on rien d’autre à faire de ces millions et de ces milliards de centimes que de continuer à « jouer aux Traiteurs » et à dilapider l’argent du contribuable en de telles festivités ?

Et quand ces festivals-festivités seront terminés, que dirons-nous aux contribuables ?
Que diront-nous aux enfants de la rue?
Que ferons-nous face aux différentes délinquances juvéniles?
Comment allons-nous tacler ces maux qui rongent et menacent l’avenir de notre société et interpellent toutes les consciences vives, tout en rappelant que nous devons d’abord investir dans « l’Humain »?

Parce qu’il n’y a de salut que de ce côté-là. Et sans investissement dans l’Humain, aucune politique ne peut aboutir.
Sous d’autres cieux, il y a belle lurette que les pays développés ont compris que les zones industrielles équipées, et même avec usines délivrées clé en main, les technologies de pointe, les machines les plus perfectionnées, les hôtels les plus luxueux ne peuvent suffire à assurer le décollage ou la relance économiques souhaités, sans la participation effective de l’Homme.

Un Homme productif, conscient de sa valeur et de son rôle majeur de citoyen déterminant dans l’élaboration de la richesse et de la stabilité de la nation.

Un Homme situé au centre de toutes les politiques et qui doit être l’objectif ultime de toutes les démarches officielles qui feront aboutir à son instruction et à l’aider pour se reconstruire et trouver enfin sa voie.

Elus, autorités, ONG…doivent tous se focaliser sur l’Humain pour qu’il retrouve son humanité et sa dignité.

En effet, pour que l’Humain réussisse, il doit être pris en main pour se faire une place dans la société.

Malheureusement, cet Homme qui doit être le centre des préoccupations et leur première richesse, continue à être négligé, marginalisé, méprisé, sous-alimenté et sous-payé.

Que pourrait-on attendre d’un être piétiné, sous-estimé, asocial et se sentant mal dans sa peau ?

Négligez un élément de l’équation et c’est tout l’édifice, toute la politique, tous les efforts accomplis qui se rétrécissent progressivement, jusqu’à l’anéantissement et l’échec total.
Or c’est à ce phénomène malheureusement que nous assistons, impuissants, depuis des décennies et cela continue encore..

L’illustration en est faite par ces armées de mendiants, de clochards, d’alcooliques, de drogués, d’enfants abandonnés et de « Mcharmlines » qui sillonnent nos rues et boulevards.
Azemmour, ville des  » festivités » du Malhoune est entrain de battre actuellement, tous les records dans la criminalité.
Et c’est parce qu’on passe à côté de la vraie culture que nos jeunes nous renvoient aujourd’hui cet image négative. Des jeunes dans la force de l’âge et qui ne pensent qu’à l’émigration, par n’importe quel moyen, au péril de leur vie. Idem pour ceux qui constituent la matière grise, le fleuron et la fierté de nos écoles supérieures et qui, pour un salut (chimérique ?) sous d’autres cieux, désertent le pays.

Si nous avons dressé ce tableau, c’est dans l’espoir de voir nos élus et toutes les composantes de la chose publique de cette ville, adopter une autre mentalité et une autre approche du socioculturel. Loin de toute démagogie et de toute philanthropie hypocrite et dangereuse.

Seul l’investissement dans l’Humain reste l’option gagnante pour faire évoluer la société.

A bon entendeur…

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