Les ouvrages et les articles qui paraissent dans le cadre des « Cahiers dEl Jadida » s’inscrivent naturellement dans la lignée éditoriale dévoilant des exemples de parcours et de destinées qui se sont croisés au sein d’un même espace géographique et social : El Jadida et sa région.
Le corpus général produit à ce jour est composé de 24 ouvrages et d’environ 200 articles, témoignages et récits dont le dénominateur commun est l’expression dun attachement humain envers un lieu de vie : la ville d’El Jadida-Mazagan. Les différents récits, directs et indirects, couvrent notamment la période mouvementée de 1900 à 1970.
Le but de ma contribution est multiple : essayer de faire connaître l’histoire contemporaine d’El Jadida et de sa région, rappeler aux générations montantes le parcours de certains militants marocains méconnus et leurs sacrifices au temps du Protectorat, mettre en exergue l’exemple d’El Jadida comme ville ouverte, tolérante et sympathique, et montrer la contribution de cette cité dans l’édification du Maroc moderne.
Cette série présente quelques particularités.
Tout d’abord un certain nombre de textes proviennent de mémoires et de souvenirs personnels, parfois à caractère intime, que leurs auteurs ont légué pour la postérité à leur famille et qui, dans ce cas, n’étaient nullement destinés à une publication au grand jour. Il faut remercier ici leurs descendants compréhensifs qui ont bien voulu nous les faire partager. À travers ces récits, il est possible de cerner le regard de l’Autre sur certains faits et mentalités d’un passé encore récent.
Ensuite, il s’agit de récits au sujet de personnalités marocaines et étrangères très diverses de par l’origine, la culture et la religion. Chaque récit apporte un regard neuf sur l’expérience personnelle de son auteur avec son entourage proche et évoque son destin en partage avec d’autres vies.
Enfin, certaines chroniques apportent des éléments nouveaux ou des révélations qui peuvent contribuer à éclairer, un tant soit peu, tel ou tel aspect encore méconnu de l’histoire d’El Jadida et de sa région.
Chaque récit dévoile une vérité, la vérité personnelle de son auteur car, en Histoire, la Vérité est difficile à établir. Comme dans un tableau impressionniste où chaque touche du peintre contribue à l’oeuvre toute entière. Ici chaque élément nouveau, chaque bribe révélée nous aide à mieux comprendre certains faits ou certaines mentalités.
On trouvera dans le corpus des réponses à certaines questions. Comme par exemple : Comment Abdelouahed El Kadiri et son ami Houcine El Ayoubi affrontaient-ils les autorités locales du Protectorat ? Comment la cupidité de quelques spéculateurs étrangers à El Jadida a-t-elle fait que Lyautey choisira Casablanca pour créer le grand port du Maroc ? Comment le Français Adigard des Gautries créa t-il la première troupe cosmopolite du théâtre amateur à El Jadida ? Comment une Marocaine, de confession juive, racontait-elle, en 1918, dans son journal intime, sa relation sentimentale avec un jeune de son entourage ? Comment Saïd Yata, père d’Ali Yata invita Mohand Aït-Kaci, son futur gendre, de Kabylie à Mazagan ? Comment un conseiller français voyait sa relation avec, son supérieur, le Pacha ? Comment, un jour, un raz-de-marée, peu fréquent sur le littoral marocain, vint bouleverser la douceur de la plage dEl Jadida ?…..
La méthodologie suivie dans le choix des récits composant ces ouvrages répond à deux exigences : que les contributeurs soient représentatifs de la diversité sociale, linguistique, ethnique et religieuse et que leurs témoignages nous apportent une connaissance meilleure de leur expérience de vie et du milieu mazaganais qui nous concerne.
Au sujet de la rédaction proprement dite, quand il s’agit de témoignages ou de souvenirs légués, il est évident que des corrections et retouches appropriées sont nécessaires dans la seule intention d’assurer une bonne compréhension du contexte.
jmahrim@yahoo.fr