Une image glanée sur le net m’a interpellée, celle d’un four traditionnel situé à Chefchaoun, construit il y a 500 ans par les arabes andalous expulsés d’Espagne.
Un four toujours en activité, bien entretenu, et peint aux couleurs de la ville, en blanc et bleu indigo. Je n’ai pu m’empêcher de noter ce qui m’a frappée dans sa comparaison avec le four traditionnel qui se trouve à la cité portugaise d’El jadida.
Les 2 fours datent du XVIéme siècle et sont considérés comme les plus anciens du pays. Mais, alors que le four Chefchaouni offre aux regards une image coquette , le four mazaganais souffre de négligence sans que personne n’accoure à son chevet, pour lui accorder une considération à la mesure de sa charge historique.
C’est vrai qu’il est toujours en activité, mais ses murs qui n’ont plus comme seul lustre que le souvenir de leur passé frisent la décrépitude, il n’est pas raccordé au réseau électrique, et doit donc fermer ses portes aux clients et aux touristes dès le coucher du soleil.
A l’origine, il a été conçu pour servir à des fins militaires par les portugais en 1514, comme fonderie où ils fondaient le fer pour la fabrication des boulets des canons qui longeaient les remparts pour la défense de la cité portugaise.
Plus tard, il servit comme four à pain pour l’armée portugaise jusqu’en 1769, date de la fuite des Portugais de Mazagan. Depuis cette date, il est devenu une institution vitale , faisant partie intégrante du vécu quotidien de la population de la cité portugaise et même des environs, un lieu où juifs et musulmans faisaient cuire pain, gâteaux, plats de poissons et la fameuse skhina juive.
N’est-il pas nécessaire de restaurer, et d’entretenir ce témoin du passé et en faire un lieu de mémoire?
D’aucuns diront que c’est juste un four , et qu’il est appelé à disparaître en raison de la rude concurrence des boulangeries modernes, mais à mon humble avis, ce lieu fait partie du patrimoine portugais/mazaganais, et il mérite d’être préservé et sauvé de l’oubli, car comme on dit , quand « la mémoire est altérée par l’amnésie, ce n’est pas seulement notre histoire que nous reléguons à l’oubli, mais c’est tout notre être qui se trouve ébranlé.. »
Il est vraiment déplorable que notre patrimoine disparaisse ainsi petit à petit, et qu’un tel endroit ne puisse être protégé…
Khadija Benerhziel