Chronique de Mustapha Jmahri : Traces de pas, le choix d’une photo


Le Mazaganais Robert Banessy, né à El Jadida en 1934, aura 90 ans en janvier 2024. Il est en couverture de la photo de mon dernier livre qu’il tient dans la main El Jadida, traces de pas sur la plage. En juillet 1940, il avait six ans quand sa maman a pris cette photo lors d’une escapade familiale à la plage avec son frère Jean-Claude Banessy, sa sœur Liliane Banessy et sa cousine, vivant encore à Rabat, Dora Ratto. Devant le casino sur pilotis démoli en 1952, la famille franco-italienne des Banessy avait l’habitude de se rafraîchir lors des canicules d’été. Les quatre enfants, tous habillés en blanc, insouciants du futur savourent l’innocence du moment. Huit petits pieds effleurant le sable y laissent quelques traces, cumulés avec d’autres traces d’estivants, que les vagues ne cessent d’effacer. Mais, l’image autant que l’écriture sont là, des moyens de capter ces instants volatiles.
Entre autres photos constituant l’échantillon susceptible de faire la couverture de mon livre, celle-ci fut choisie avec l’aide de l’imprimeur des Cahiers d’El Jadida pour plusieurs raisons. Outre l’aspect technique intrinsèque à l’image, la lecture de la photo reste polysémique. De petits êtres humains regardant leur maman, derrière eux la mer, devant eux l’avenir. C’est dire toute la fragilité du moment et de la vie en général.
Le père de Robert Banessy, Marcel Banessy, est arrivé d’Oran à El Jadida en 1929, c’est dans cette ville qu’il épousa Clélia Calvaruso, pianiste virtuose dont la famille italienne immigra de Tunisie. L’histoire de cette famille est racontée dans mon livre El Jadida, destins croisés, paru en 2014.
Robert Banessy reste très attaché à sa ville natale El Jadida et à son pays le Maroc. C’est là où reposent ses ancêtres. Y sont enterrés, sa grand-mère, son grand-père et sa tante Dora Calvaruso. Sa mère Clélia Calvaruso-Banessy est enterrée à Marrakech et sa tante Emma Calvaruso-Ratto à Rabat.
Les Cahiers d’El Jadida, modeste expérience éditoriale, s’efforcent, un tant soit peu, de recueillir ces petites traces, colmatant les brèches d’une mémoire riche et plurielle.

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