L’ancien petit cimetière chrétien de Bir Jdid, se trouvant à deux kilomètres sur la route nationale vers Casablanca, date des années du Protectorat. Il peut avoir aujourd’hui un siècle et a servi à recueillir les sépultures des membres des anciennes familles de colons installés à Bir Jdid et ses proches alentours comme l’Oulja, Bir Retma, Tiourighet et souk Arba Chtouka.
L’ami Brahim Battah, blogueur et historien de Bir Jdid, a publié le 25 juin 2023 sur sa page Facebook une trentaine de photos sur sa visite, avec deux descendants de Guillaume Chavent, au dit cimetière. Son état, comme le laisse paraître les photos, est dégradé. L’ancien cimetière ainsi que sa clôture sont en ruines. Certaines photos montrent des tombes dégradées.
Après l’indépendance du Maroc et le départ des familles de colons suite à la reprise des terres par le gouvernement marocain, ce petit cimetière est resté, depuis, un lieu de mémoire et de recueillement pour les descendants en visite ou de passage. Plusieurs familles avaient décidé de laisser leurs morts au Maroc où ils avaient vécu la plus grande partie de leur vie. Quelques autres familles avaient décidé de rapatrier les corps de leurs défunts pour les enterrer près de leurs nouvelles résidences.
Dans les années 1980, et dans le cadre de mes échanges avec l’histrion Guy Martinet (décédé en 2003), établi depuis toujours à Casablanca, j’ai visité ce cimetière et pris pour lui quelques photos du site. Le cimetière avait alors un bon mur de clôture, et semblait en assez bon état.
Selon un ancien de Bir Jdid ce n’est qu’au début des années 1990, que la détérioration commença. Cet état s’est déclenché en phases successives : le manque d’entretien, la vétusté et le rapatriement des corps de défunts de certaines familles, quelquefois hésitant même sur l’emplacement exact des tombes. Mais il y avait aussi un autre élément : les inondations des années 1990. Mme Yvonne Féron, enseignante à la retraite, m’a écrit dans son message : « Lors de mon passage en 1990 au cimetière, il y avait quelques tombes ouvertes. Le tombeau de ma famille maternelle était renversé et ouvert, celui de ma famille paternelle avait la maçonnerie intacte et fermée mais les décorations avaient disparu. Je me suis interrogée de l’état de nos tombes pas seulement imputable à la vétusté à l’administration locale. On m’avait répondu qu’il y avait eu des inondations qui avaient pu renverser le tombeau, faire des dégâts, emporter des décorations. En tous cas c’était ce qui s’est passé en 1990 et les explications qui m’avaient été données paraissaient convaincantes. Les deux monuments funéraires des Chavent situés dans l’allée centrale du cimetière avaient vieilli mais étaient restés relativement intacts ».
Pour Guy Musse, petit-fils de Guillaume Chavent, l’une des plus anciennes familles de Bir Jdid, il souligne qu’il avait constaté que les sépultures de la famille Chavent qui n’avaient pas été transférées en France, avaient subi des dégradations. Pour lui il « était préférable que ce cimetière soit rasé plutôt que de le laisser dans un tel état ».
Chronique de Mustapha Jmahri : Le cimetière chrétien de Bir Jdid, témoin d’un passé mémoriel
