Ce titre va certainement surprendre de nombreux lecteurs qui vont ouvrir grand les yeux. Personne ne peut imaginer qu’il y avait eu du twist dans une école primaire respectée des ouled lebled, l’école libre Tahdib à El Jadida. Cependant, l’école Tahdib n’est pas seulement une école tout court mais c’est Mon école de 1960 à 1964. Et c’est en ma qualité d’ancien élève que je souhaite raconter ce petit souvenir riche de sens.
C’était en l’année scolaire 1963-64, j’étais alors élève au CM2 chez Si Abdellah Châyra pour l’arabe et Si Ahmed Jahidi pour le français. L’école était dirigée à lépoque par le nationaliste Haj Mohammed Tazi. Deux ou trois fois par an, notre regretté directeur organisait pour nous des activités récréatives comme des démonstrations de clowns, d’acrobates, de marionnettistes et même de danseurs africains. Ces spectacles auxquels assistaient les élèves et les enseignants se déroulaient dans la cour de l’école à lair libre durant l’après-midi avant la sortie. Dans cet espace central, les artistes se mettaient au milieu et les élèves les entouraient en forme de cercle halka. C’est ainsi qu’un jour de la dite année, un couple de danseurs africains, probablement venus du Mali, est venu nous présenter des danses africaines. Le jeune homme et la jeune femme, habillés selon la tradition africaine, dansaient en rond au rythme du tambour.
Les enfants étaient aux anges en suivant, ébahis, ce spectacle très dansant, chaud et bruyant. Lorsque le couple annonça qu’il allait présenter sa dernière séquence, notre jeune enseignant d’arabe, Si Abdellah Châyra, leur demanda de danser un peu de twist avant de partir.
C’est ainsi que les enfants de l’école Tahdib, ce jour-là, ont pu apprécier ce genre de danse qui venait d’apparaître dans ces années-là en Amérique et en Europe. Si j’ai supposé que le couple africain était originaire du Mali c’est pour avoir lu, plus tard, que, dans les années 60, à Bamako ce genre de danse était très apprécié beaucoup plus qu’à Dakar ou Abidjan. Peut-être que ce couple pouvait tout aussi bien provenir tout simplement de France.
Cet exemple, montre bien que l’école marocaine, à cette époque-là, n’avait rien à envier aux écoles des pays les plus développés en termes déducation et de moyens. Il montre aussi le niveau des éducateurs à l’esprit ouvert et curieux sans aucun parti pris ni aucune arrière-pensée. J’ai eu la chance d’être passé par cette école moderne me permettant de connaître toutes sortes de nouveautés.
Alors, pour atténuer ma nostalgie, j’ai parfois envie de fredonner avec Chubby Checker : « Lets twist again ».
Chronique de Mustapha Jmahri : Twist à l’école Tahdib
