En évoquant ce quartier d’antan, c’est à l’organisation urbanistique et à la juxtaposition de ses habitations qu’on voudrait faire allusion. Une cohabitation où toutes les couches sociales coexistaient, se partageaient presque tout, grâce à une solidarité qui s’est instaurée au fil du temps, tout naturellement, jusqu’au point de représenter un réel filet social, dont le but est d’empêcher les couches les plus démunies de toucher le fond.
Un style de vie unique où même les fastidieux Riads n’avaient pas de façades, tape-à-l’œil. Un univers où primait la spiritualité, l’humilité et le respect de l’autre, quelque soit son rang social.
Il faut dire que ce quartier d’antan, avait engendré une façon d’être et de faire ; une sorte de code non écrit, mais que tout le monde respectait.
Parler de ce quartier de notre enfance, ce n’est pas tomber dans ce piège de la nostalgie où tout parait si beau en comparaison avec le présent. Mais si on tient à en parler, c’est parce qu’on s’en souvient encore de ses airs paisibles ; de le sérénité qui s’en dégageait ; des voisins qui trouvaient toujours le temps pour se parler, se raconter leurs soucis et/ou leurs joies….
Les portes des maisons restaient ouvertes et quand bien même on les ferme, des bouts de ficelles pendaient toujours à l’extérieur.
En guise de crèche, les enfants avaient tout le quartier à leur disposition. Les adultes du quartier gardaient toujours un œil sur eux, au cas où ils s’en éloignent un p’tit chouiya…
C’est dans cette ambiance que des générations de marocains ont baigné et appris les premières valeurs de la vie et de leur identité culturelle. Des us et coutumes dont on n’a pas su en prendre soin et à en tirer les avantages culturels, sociaux, économiques, spirituels… qu’ils offraient
Et malheureusement, tout cela a fini par prendre fin le jour où nous avons tourné le dos à cela, pour en épouser cette « modernité » venue « d’ailleurs »…Depuis, en lieu et place de nos quartiers d’antan, on a adopté un découpage par zones et par… classes : villas, immeubles, quartiers populaires…Le début de la ghettoïsation et du chacun pour soi…
El Jadida Scoop