DE MAZAGAN A EL-JADIDA… JOUETS ET JEUX ANCESTRAUX DE MON ENFANCE…Par haj Abdellatif Cherraf


Le jeu est une activité physique et/ou intellectuelle visant au plaisir, à la distraction, au divertissement et à la récréation.
Pour jouer, on avait le choix entre le jeu de dames, d’échecs, de scrabble, de cartes, de dés… A part, les billes, la toupie, et le jeu de cartes espagnol qui étaient à la portée de certains gosses du quartier. Il y avait aussi la petite balle jaune usée qu’on ramassait du clos de tennis le dimanche, un lieu où on comptait les marocains sur les doigts de la main.
Bref, pour jouer, on ne pouvait que faire appel au système « D » ! Ce système « D », on l’a, quelque part, importé de la campagne où la nature nous enseignait à se montrer créatifs, si on veut nous divertir !

Vous n’êtes pas sans savoir, nous autres les enfants des années 60, on ne choisissait pas la destination des vacances. Nos parents aussi d’ailleurs ! C’était la coutume ; on ne voyageait qu’une fois, c’était au bled durant les trois mois d’été.
Le père recommandait au chauffeur de l’autocar de déposer sa progéniture (mon frère et moi) dans un endroit précis, se situant du côté de « Bir Al Ouasti », route « Tliyta » Lahnanouwa…( Ouled Sidi Abd Ettibari se reconnaitront )!
Une fois, descendus de l’autocar, mon frère prenait les rênes de la charrette de mon oncle qui était à notre réception. Moi, je courais derrière, heureux d’être libre des tracasseries du quartier et des courses imposées par ma mère !

Des vacances qui duraient 90 jours. Une sensation et un plaisir indescriptible…Arrivés à la « Khaima », mes grands-parents, comme à l’accoutumé, nous serrèrent fortement contre leur poitrine tout en mitraillant mon frère de questions concernant la santé de leur fils et sa moitié.
Après les « salamalek » et un bon « bercoucache » (préparé à base de semoule, de lait et de beurre), on se retrouvait enfin entre enfants sur le toit de la « tazota » à contempler les grenadiers et les grosses grenades à déguster après une galopade à dos d’âne où la fabrication d’un tire-boulette voire une fronde pour chasser les oiseaux ! Mon neveu excellait dans la fabrication des jouets comme la flûte « lera », un bout d’osier avec sept trous ; le violon et la guitare : fabriqués de bidons d’huile avec un bâtonnet enfoncé à la place du bouchon ; des clous de cordonnier aux pôles du bâtonnet, suivant le nombre de cordes en crin, et le tour est joué. En guise d’archet, une branche tendue de crins pour jouer au violon !
Durant ma petite jusqu’à ma grande enfance, j’ai le souvenir, à l’instar de mes camarades du quartier, d’avoir utilisé le pied de la feuille qui tombait du long palmier pour y clouer des capsules en métal de bouteilles de limonade, comme vélo-moteur « Al-Motor » avec lequel on faisait des compétitions de course sur route. On sophistiquait aussi la voiture avec une caisse de bois qu’on piquait au marchant de légume du coin ! Il suffisait de clouer la caisse sur un support, toujours en bois, muni d’un mécanisme de roulement ; quatre petites roues en fer (lormates – poulies) que le mécanicien du quartier nous donnait avec le sourire. Avec nos engins on déboulait l’avenue Richard d’Ivry. De l’actuelle boulangerie, pâtisserie, Charlotte (ex villa madame Tricot), voire de chez monsieur le Fou à la pharmacie Magnetti…
A l’époque, seuls les étrangers, des français, en majorité et quelques familles marocaines aisées possédaient des voitures. Feu, Bouchaib Bouchtia et docteur Bouganine se distinguaient par leur grande chevrolet-Fury !
Les titis peureux, bricolaient des hélices en feuilles cartonnées de cahier ou de plastique (le fond d’un bidon d’huile découpé) qu’ils fixaient à la crête d’un bout d’osier et , chemin faisant, couraient, en le brandissant, dans tous les sens, heureux que leur invention tourne au gré du vent (farfara)!
Les amateurs de football, peaufinaient des petites pelotes en morceaux de chutes de tissus, ou en rondelles fines de chambre à air de vélo. Les mordus de la téléphonie, créaient leur système de communication à distance, d’abord avec la boite de cirage et un bout de ficelle et puis avec les gobelets de Raibi jamila…
N’oublions pas, les jeux de la roue ; la gente du vélo qu’on s’amusait à pousser avec un bâton ou un bout de fil de fer.
« Délivrer », est un autre jeu qui consistant à délivrer un coéquipier de la prison en surprenant la sentinelle en passant en courant entre elle et le prisonnier tout en criant « délivrer » ou « dini- free ». « Haut les mains » qu’on jouait généralement, entre garçons, durant la période de «Aîchoura » armés des pistolets à cartouche de bouchon de liège ! La toupie « bongra bla tahlal ». Les billes « dix-vingt », bliyda, les noyaux d’abricots, « Tmoune »… Ainsi que « mala », spécialité des filles qui adoraient jouer avant tout à « Tikchbila », « Chappani – Marelles » « Mala » ; jouer aux osselets, lancer et rattraper sur le dos de la main de petits objets de matières quelconque en forme de petits os ainsi que le jeu des épingles que les gamines s’amusaient à pousser d’un point vers l’autre avec le doigt qu’on avait pas le droit d’utiliser au second tour ! Le saut individuel ou à plusieurs avec l’élastique. La marelle : jeu qui consiste à pousser à cloche-pied un palet dans les cases d’une figure tracée sur le sol. Le cerceau, cercle de plastique que les enfants s’amusent à pousser devant eux et que les filles excellent à faire tourner autour des hanches ! Tous ces jeux, filles et garçons, les pratiquaient sous le regard des retraités du quartier dont la majorité s’adonnait au jeu de dames ! Et pour cause, on suspendait à l’oreille du perdant, à chaque partie perdue, une carotte, un navet, un oignon, une aubergine voire un pneu d’une voiture autour du cou… Ou bien le faire reculer d’un empan du damier. Opération qui met le perdant, de plusieurs parties, dans une drôle de position ; presque à plat ventre pour jouer ! Situation qui fait exploser de rire les passants…Sur cette belle note se termine mon histoire que j’espère, vous amusera, tout en rappelant aux personnes de mon âge, certains souvenirs pérennes.

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