Paroles de Mazaganais, mémoire d’une cité

Par Hassane Aït-Hammou

Le livre de lécrivain Mustapha Jmahri, intitulé « Paroles de Mazaganais » publié, dans la série « les cahiers dEl Jadida », en 2009, revêt une importance particulière aussi bien pour le simple lecteur curieux d’en savoir plus sur Mazagan-El Jadida, l’histoire de la ville et son développement, que pour le chercheur, historien ou anthropologue, qui a besoin de données précises pour mener à bien son entreprise. L’auteur du livre, qu’on ne présente plus, en fournit dans ce travail précieux.
Si l’auteur ne prétend modestement pas présenter là un livre d’histoire, encore moins une étude sociologique de la communauté mazaganaise de la première partie du siècle dernier, il n’en demeure pas moins qu’il nous fournit une matière riche sur une période particulièrement cruciale de la ville, en utilisant le procédé du témoignage. « Donner directement la parole à ces Mazaganais de naissance ou de cur, pour qu’ils s’expriment tout librement et lèguent un témoignage pour la mémoire aux générations actuelles et futures des deux bords de la méditerranée » tel est donc l’objectif de ce travail comme l’affirme l’auteur dans l’introduction.
Cet ouvrage peut donc être lu à partir de trois perspectives :
D’abord la perspective des lieux : le livre regorge de témoignages sur les lieux phare de la ville. La plupart des personnes questionnées n’ont pas manqué d’évoquer certains lieux (la salle des fêtes, le parc Spinney, le château rouge, la plage, le phare…) qui font toute la richesse de cette ville séculaire.
L’évocation de ces lieux nous parait d’une importance capitale aussi bien sur le plan historique que culturel et touristique. Une ville est d’abord un espace, une architecture, des lieux qui ont une âme, celle de la ville. Mazagan comme le disent ses anciens habitants est une ville riche en lieux emblématiques qui en fait d’elle ce qu’elle fut et ce qu’elle sera toujours aux yeux des anciens mazaganais.  » La poste était finalement le centre vital de la ville. Au-delà, c’était d’un côté le port (…). Au nord, la plage avec ce qui restait du casino. À l’ouest, la cité portugaise avec l’église française… »
Mazagan, à travers les témoignages qui nous sont livrés dans ce travail, se présente comme un espace social qui réunissait des communautés de religions et de cultures différentes dans une rare symbiose. Musulmans, chrétiens et juifs vivaient à Mazagan en bonne entente, « entre les communautés il y avait une coexistence pacifique » (p.43), rappelle un ancien mazaganais, mais précise un autre, « les trois communautés, vivaient en bonne intelligence sans se mêler » (p.98).
Enfin le livre se donne à voir comme un témoignage authentique sur la vie sociale dans une ville marocaine, et je n’ai pas peur de le dire, une ville moderne du XXème siècle. Car Mazagan est l’une des rares villes au Maroc qui disposaient à l’époque d’un théâtre, de salles de cinéma, de restaurants, d’hôtels prestigieux (comme l’hôtel Marhaba) et même d’un parc zoologique (le parc Spinney).
L’école et son rôle primordial dans l’éducation des enfants occupe une place importante dans la mémoire des anciens mazaganais, où affirment-ils on dispensait un enseignement de qualité.
En somme, le travail de l’auteur, qui s’ajoute à une production déjà riche, se présente comme une valeur ajoutée au patrimoine culturel et historique de la ville et toute la région. La technique du témoignage, l’objectivité des commentaires de l’auteur et la précision des informations et des données historiques qu’il offre en font un livre incontournable pour le lecteur.

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