A chaque fois que l’anarchie sévissant dans toute la ville est soulevée par des habitants qui n’en peuvent plus et certains réseaux sociaux, les autorités locales mènent une campagne d’assainissement, tous azimuts, contre le phénomène de l’occupation illégale du domaine public.
Ces campagnes qui se multiplient depuis des décennies et qui sont souvent menées, tambours battant, d’une manière gauche et maladroite, ne sont pour l’averti, qu’une réaction désespérée de la part de responsables qui avaient contribué, directement, à cet état devenu aujourd’hui, désormais, incontrôlable, insoutenable, invivable et très difficilement maîtrisable. Car le mal causé est plus profond qu’on ne pourrait imaginer.
Ces messieurs de l’autorité, accompagnés des éléments des services de la police, des forces auxiliaires et de la protection civile, telle une armée conquérante, ne s’attaquent, le plus souvent qu’aux « ferrachas ». D’ailleurs, ce sont, toujours, ces pauvres démunis qui sont, constamment, la cible de « nos braves et glorieux » caïds « acquis à la noble cause locale » (sic). Parce qu’il est facile de dresser un P. V où il est question du nombre élevé des charrettes et des marchandises qui restent faciles à vérifier à la fourrière communale par un haut responsable s’il tenait à voir de ses propres yeux le résultat du travail accompli.
Ces campagnes qui ne durent qu’un laps de temps étaient censées permettre à certains points noirs (marchés publics, Avenue El Hansali, Zerktouni…) de retrouver leur lustre et de se faire une embellie. Il faut avouer que, lors de ces compagnes menées, rien n’est laissé au hasard…comme mise en scène. On attend les heures où le centre- ville s’emplit de citoyens et on sollicite les photographes…avant de passer à l’action.
Tant de moyens, humains et logistiques, sont donc, mobilisés pour lutter contre ce fléau défigurant le paysage de la ville.
Seulement, seuls les petits marchands informels d’articles de tout genre occupant les chaussées et les trottoirs sont à chaque fois éclaboussés par cette « tempête makhzanéenne ». Alors que les infractions de taille restent ignorées. On a fermé les yeux sur les cafetiers, les grands commerçants et les exerçant des métiers professionnels qui se permettent, non pas seulement, d’occuper les trottoirs ; mais qui osent, sans droit, d’ériger des constructions devant chez eux pour élargir le plus possible l’espace de leurs activités. On fait la sourde oreille sur certains commerçants bénis par « leurs élus » et disposant d’autorisations illégales d’occuper le domaine public.
On va jusqu’à omettre ceux qui interdisent le stationnement des véhicules en disposant, devant leurs négoces, des caisses et autres obstacles. C’est dire que chacun fait à sa guise ce qui lui semble profitable.
Les mkadmines et les éléments de la sûreté ne prêtent pas attention à cette mauvaise manie condamnable et que des résidents ont imité maintenant en dressant des piquets en ciment sur les trottoirs.
C’est, donc, à un défilé- marionnette (où manquait, malheureusement, la fanfare) que les habitants ont droit, à chaque nouvelle campagne.
Les avertis sont convaincus que chaque nouvelle campagne d’assainissement ne différera point de ses consœurs ultérieures. Car, très vite, la situation finit toujours par revenir à son état « normal ».
Cet état douloureux ne réjouit personne. Car ses premières victimes ce sont tout d’abord de pauvres gens démunis dont la plupart sont des femmes, qui sont les grandes victimes de ces soubresauts cupides des autorités. Ce sont les couches les plus défavorisées qui paient terriblement les pots cassés de responsables dont seul l’intérêt personnel les intéresse. Autre chose, ils n’en veulent pas et refusent qu’on en parle !
Ces couches démunies sont, avant et après tout, des citoyens comme quiconque ne cherchant qu’à subvenir à ses besoins et à ceux des leurs. La Constitution les protège et leur accorde ce droit. Les responsables, élus et autorités, de leur part, sont censés, tout d’abord, les protéger et, ensuite, de solutionner leurs problèmes pour qu’ils puissent vivre dans la dignité et non dans la crainte et dans la misère. Autorités et élus doivent conjuguer leurs efforts pour le bien de la ville et pour la bienséance des citoyens. L’élu a été porté aux urnes pour défendre, justement, ces causes. L’agent d’autorité, quel que soit son rang, est rémunéré par les publics pour défendre, lui aussi, ces nobles causes.
On aurait du, des deux côtés, songer, comme c’est le cas en Europe, créer un peu partout dans la ville des marchés types pour les marchands ambulants et qui ne fonctionneront que d’après un horaire déterminé. La municipalité, les marchands et toute la ville en bénéficieraient. Mais continuer à « tabasser » ces marchands jusqu’à leur ruine n’est pas la meilleur solution.
Laisser l’état tel qu’il est représente une véritable bombe à retardement qu’il faut, au plus vite désamorcer. Mieux vaut agir maintenant que plus tard. Sinon ce problème ne ferait que s’accentuer et les conséquences que s’empirer.
El Jadida Scoop
El-Jadida, un état de laisser aller et de « bbak sahbi » qui doit cesser au plus vite
