Concurrencés par les grandes enseignes qui multiplient les supérettes, BIM en tête, les épiciers traditionnels sont entrain de mettre la clé sous la porte, les uns après les autres. Presque en silence.
Une figure populaire est en cours de disparition de notre champ visuel.
A Kodiat Ben Driss, le propriétaire d’un « Hannoute » que l’on surnommera Mohammad nous confie :
« J’ai le vice de la présentation dans le sang, je ne peux pas m’empêcher de vouloir faire de jolies présentations. Ça, c’est celle d’été, en hiver j’en ferai une autre. Pour moi, c’est important de bien présenter»., sourit Mohammad, 47 ans, dont vingt et un à la tête de son (Hannoute) épicerie.
Son épicerie est aussi flamboyante que son moral est maussade. On dirait une cabine de spationaute, où chaque centimètre carré d’étagère a été optimisé.
Mohammad ouvre sa caisse, il est 19 heures : « Regarde, je n’ai gagné que 250 dirhams depuis 12 heures. C’est rien du tout, j’ai perdu 70 % de mon chiffre d’affaires, depuis que Bim et d’autres enseignes ont envahi notre ville.»
Voici où en est aujourd’hui, la situation de l’épicerie de Mohammad, pour ne pas dire du coin. Plus grand monde n’y va pratiquement faire ses courses, sinon pour s’en procurer du lait et du pain ….et encore.
Et c’est avec tristesse que nous assistons, impuissants, à l’agonie, presque en silence, de l’épicerie du coin, communément connu sous l’appellation de « hannoute Mohammad Chalh », par allusion à l’origine soussie de la majorité des gérants, dans les années soixante et soixante-dix.
El Jadida Scoop