Sans aller tout droit par la rue principale, rua da Carreira, on peut, dès l’entrée de la Cité portugaise de Mazagan à El Jadida, prendre à droite par la rampe et monter au bastion de Saint-Esprit (do Serrào).
Ce bastion a la particularité d’offrir une belle vue panoramique sur la médina, le jardin Abdelkrim El-Khattabi et sur le port du côté du petit chantier naval de construction et de réparation des bateaux de pêche. Mais, si on monte encore quelques petites marches jusqu’au haut de la muraille épaisse, on remarque, en se penchant un peu vers le bas, l’existence d’un long réduit fermé par un mur en béton. Ce mur sépare une partie de la muraille de la cité portugaise et l’atelier du chantier naval.
Ce réduit étroit, qui a la forme d’un couloir, semble n’avoir pas d’accès direct, sauf par l’atelier du chantier naval. L’endroit se trouve mitoyen des anciens bureaux de la douane des débuts du XXème siècle. Il est totalement envahi par de longues plantes épineuses poussant sur la terre accumulée. Sur ces dernières des détritus s’accrochent, semblant avoir été jetés d’en haut par certains visiteurs ou enfants du coin peu sensibles à l’environnement. Si l’on n’y remédie pas, ce lieu finira par devenir un dépotoir à ciel ouvert si ce n’est pas déjà arrivé.
La question qui se pose alors et pour laquelle on manque de réponse est la suivante : en quoi consiste ce réduit ou couloir ? Quelle est son utilité actuelle ou historique ? S’il ne joue aucun rôle, ce qui semble être le cas à priori, ne faut-il pas le raser tout simplement pour laisser la muraille visible de ce coin caché et surtout pouvoir l’entretenir facilement sans aucun obstacle ? Cet aménagement permettra, aussi, au chantier naval d’étendre sa surface, sans toutefois obstruer la muraille portugaise. Au contraire, elle n’en sera que plus valorisée.
La cité portugaise de Mazagan, site classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2004, doit être constamment nettoyée et entretenue. L’opération de désherbage des remparts n‘est pas une action compliquée à mettre en œuvre. Pour l’histoire, l’association de la Cité portugaise, bien qu’elle manquait de moyens, organisait deux fois par an une opération de désherbage des remparts avec l’aide de la société, chargée par la Commune, du traitement des déchets. À notre connaissance, cette opération n’est plus menée ces dernières années.
Comme on peut le constater, l’existence de ce couloir longé par le mur en béton, n’a, vraisemblablement, rien d’historique. Au contraire, il cache un dépotoir éventuel et empêche visiblement toutes actions possibles de nettoyage de cette partie de la muraille et de l’ancienne darse portugaise. On voit d’ailleurs (sur la photo) que cette partie de la muraille nécessite un entretien immédiat à cause de son effritement visible à certains endroits où les pierres sont bien dégarnies.
Jilali Derif, secrétaire général de l’association Doukkala Mémoire, précise que cet endroit fait partie de l’ancien atelier de menuiserie dépendant des Travaux publics. Adolescent, il l’a bien connu parce que son père y travaillait dans les années 1960. Le local avait une petite issue aujourd’hui condamnée. Une dizaine d’ouvriers travaillaient dans cet atelier, ils y accédaient en passant par l’entrée du port.
La suppression de ce réduit et le dégagement complet des lieux est, par ailleurs, totalement faisable et peut être mené par certaines instances dédiées ou en commun. Je pense par exemple aux entités publiques et autres collectivités territoriales et notamment à la Commune urbaine d’El Jadida et à l’Agence nationale des ports.