Comme chaque année, la célébration d’Âachoura est encore une fois l’occasion, pour certains, de donner libre cours à leur «liesse» démesurée, en accomplissant des actes souvent dangereux pouvant être la cause de graves accidents.
Il faut souligner que ces dépassements n’ont plus aucun lien avec la célébration d’Âachoura telle que nous l’avons vécue durant notre enfance.
La célébration de ces jours était une occasion festive qui se caractérisait par les rassemblements familiaux, mais qui s’est, malheureusement, transformée, à travers les ans, en circonstance pour les délinquants de déverser leur rage sur des citoyens qui n’osent plus se réunir pour des moments de liesse où le son des tam-tams couvre le silence de la nuit et où un petit feu de camp faisait la joie des jeunes et moins jeunes.
Depuis quelques années, Âachoura a pris une autre tournure malgré les mesures prises afin de maîtriser les dégâts que cette fête sacrée peut engendrer à cause des pétards et de ces feux de camps qui deviennent un réel danger aussi bien pour la population que pour l’environnement du fait de l’utilisation des pneus usagés qui sont une véritable source de pollution. En effet, leur combustion prend des heures avant qu’ils soient réduits en cendres.
En cette nuit qui marque le 9ème jour de mois de Moharram, on constate, impuissants, chaque année, que toute la ville se transforme en un véritable champ de bataille, malgré les efforts des autorités pour tenter d’enrayer cette coutume en luttant contre ces pratiques dangereuses. Les délinquants ne ratent pas cette occasion pour s’adonner à des échanges de tirs de pétards et d’autres substances explosives sous forme de bombes artisanales.
Pourtant la loi n° 22.16 portant sur les substances explosives à usage civil, météores artificiels et équipements de loisirs contenant des matériaux pyrotechniques prévoit une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans, en plus d’une amende allant de 50.000 DH et 500.000 DH ou des deux, contre toute personne en possession illégale de matériaux explosifs ou météores artificiels.
Il faut se rendre à l’évidence et reconnaitre qu’il existe de grandes failles au niveau des centres de contrôle des frontières qui facilitent l’entrée dans le Royaume de ces explosifs, pour qu’on les retrouve, malgré leur interdiction, dans nos commerces.
Les défaillances existent également au niveau des points de vente de ces produits, puisqu’ils ne sont jamais saisis chez les commerçants qui procèdent à leur vente au vu et au su des autorités locales qui n’interviennent jamais pour appliquer cette loi qui est entrée en vigueur depuis 2018.
Certes, certains de ces adolescents, complètement déchainés, sont arrêtés chaque année par les autorités et ils répondent de leurs actes devant la justice. Mais combien en reste-t-il encore en liberté, et quels actes de violence et de vandalisme devrons-nous encore supporter de la part de cette génération de délinquants qui agit sous l’œil de parents complètement dépassés.
Que reste-t-il quand on perd tout espoir en l’avenir, devant ces hommes de demain qui agissent en toute inconscience ?
Khadija Choukaili