D’El Jadida à la Corée du Sud, Une longueur d’avance d’un demi siècle

Hôtel Marhaba 1952
Sun Cruise Resort 2002

C’est au cours de l’une de mes nuits d’errance sur les boulevards du net, que le hasard a voulu que mon regard croise un édifice hôtelier situé en Corée du Sud, et qui, quoique que très insolite, me paraît assez familier et m’incite à l’approcher de près afin de me fixer sur les raisons de cette cristallisation de mes sens.
Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que c’est sa conception architecturale en forme de « bateau de croisière » qui était la cause de cette familiarité du déjà vu… un déjà vu à El Jadida sous le nom d’Hôtel Marhaba qui est presque à l’abandon par les temps qui courent.
En m’informant un peu plus sur cette découverte, j’ai pu savoir que cet édifice hôtelier en forme de bateau de croisière, porte le nom de « Sun Cruise Resort » et il offre la vision étonnante d’un paquebot juché sur une colline et surplombant la mer de l’Est en Corée du Sud. Il est entouré d’un grand jardin et de sentiers de randonnées.
Mais ce qui me surprend le plus, c’est que cet Hôtel qui n’a été construit qu’en 2002 et a été sélectionné parmi les 10 hôtels les plus surprenants et les plus insolites qui sont répartis aux quatre coins du globe suite à un classement établi par TripAdvisor.
J’aurai bien voulu m’arrêter là et ne pas trop malmener mes nerfs en repensant à notre malheureux Hôtel Marhaba qui dispose d’une longueur d’avance d’un demi siècle, par rapport au « Sun Cruise Resort », en terme de temps et de génie architectural, alors qu’il agonise dans l’indifférence des uns et des autres.
Pourtant, comme je l’avais souligné auparavant, l’hôtel Marhaba d’El Jadida
regorge de signes et de symboles et ne mérite guère qu’il soit traité comme une quelconque ruine dont la « stature » n’a jamais impacté la ville d’El Jadida ni ses hommes.
À bien et mieux contempler cette image de rêve, qui représente l’hôtel Marhaba du bon vieux temps, on ne peut s’arrêter uniquement sur le génie de ces architectes qui ont réussi à mettre en oeuvre ce joyaux qui compte parmi les merveilles de la ville d’El Jadida, voire même du pays.
Une oeuvre architecturale qui se rapproche beaucoup plus d’une toile de maître que d’une réalisation d’artistes bâtisseurs.
Toutefois et au delà de la splendeur de ce merveilleux bâtiment, rares sont les observateurs avertis ayant su lire et interpréter les multiples signes et symboles qui se cachent à l’ombre de cette structure hôtelière dont on ne retient que le volet de sa “forme de bateau”.
Moi j’opterai plutôt pour un paquebot de croisière avec tout ce qu’il porte comme connotation touristique “ Vivre Mazagan et s’en souvenir toujours”
Un paquebot ancré en pleine terre de Doukkala richement et harmonieusement fleurie et dont la passerelle s’ouvre du côté mer.
La configuration paraît échapper à toute logique de navigation maritime, toutefois cela peut avoir aussi une explication pleine de symboles et qui cadre avec la vision des décideurs de l’époque et de la destinée qu’ils avaient tracé pour l’avenir de Mazagan.
Une destinée axée sur le tourisme, où la splendeur de la baie qui longe toute la ville représente le noyau central et la valeur la plus sûre pour tout développement.
Un paquebot de croisière qui a jeté ses ancres en pleine terre, peut signifier que ses passagers ne sont pas prêts à repartir d’où ils viennent, tellement la beauté des lieux est captivante et s’incline à les retenir le plus longtemps possible.
L’orientation de la passerelle vers le côté mer porte en elle les signes de la centralité de la mer dans tout projet de développement de la ville.
La cheminée qui fume encore symbolise le départ imminent du paquebot dans l’objectif de ramener d’autres visiteurs qui attendent leur tour avec impatience de l’autre côté de la mer.
l’environnement tout en vert nature où s’est planté tout ce décor rappelle bien la fertilité de cette terre bénie des Doukkala qui a représenté depuis toujours un véritable grenier du pays et un havre de paix et de quiétude pour tout visiteur.
C’est dire que l’hôtel Marhaba qui est à l’abandon depuis belles lurettes et qu’on vient d’amputer récemment de sa plus belle pièce, à savoir sa passerelle, ne se limite pas à sa fonction de structure hôtelière, mais porte aussi en lui tant de signes et symboles qui racontent entre leurs lignes l’histoire non écrite de ce qu’était autrefois l’une des plus belles et des plus paisibles villes du Maroc.
Bien regrettable que nos décideurs ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ou plutôt ce que peuvent contenir leurs poches.
Chahid Ahmed

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