El Jadida : Les autorités locales réagissent, enfin, contre l’occupation du domaine public…Mais est-ce une réaction pour de bon ou éphémère comme les précédentes ?

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Par:Azzeddine Hnyen

Il a fallu les secouer et leur tirer les oreilles pour qu’ils se décident à réagir. Il a fallu dénoncer cette nonchalance et cette léthargie, voulue, pour que l’autorité locale, suite à une sommation supérieure, se décide (Enfin !) à bouger pour mener une campagne d’assainissement contre l’occupation illégale du domaine public. Notre précédent article, dénonçant, avec virulence, cette occupation illicite et le comportement complice des caïds des 7 arrondissements de la ville et du pacha n’est pas étranger à cette réaction brutale de leur part.

Et comme d’habitude, ces messieurs- responsables ont fait appel à certains « journaleux » pour faire propagande de leurs actions comme si c’était leur conscience et leur devoir qui les avaient incités à réagir de telle sorte. Et comme à l’habitude, ils se sont laissés photographier, tels des « Rambo », pour se faire valoir et pour montrer qu’ils sont « scrupuleux dans l’accomplissement de leur devoir ». Mon œil ! De la poudre aux yeux ! Or, comment ces marchés anarchiques et irréguliers ont- ils poussé comme des champignons ? Où se trouvait cette autorité lorsque les réfractaires s’installaient peu à peu ? Les yeux des « Mkadmines » ne sont- ils perçants ? Où se trouvait ce caïd ces marchés prenaient naissance ? N’est- il pas mis à sa disposition une voiture et du carburant pour effectuer des tournées quotidiennes dans le territoire de sa juridiction ? Enfin, que est le rôle des éléments des forces auxiliaires installés dans chaque arrondissement avec une estafette et du carburant, eux aussi, à leur disposition ? Si des marchés clandestins et des marchands ambulants s’installent partout dans la ville c’est grâce à la complicité et à la bénédiction de cette autorité qui, aujourd’hui, après avoir reçu une matraque sur la tête tente par des actions « rocambolesques », mais vaines faut- il souligner, de se désculpabiser et de jeter la poudre dans les yeux des populations. La pauvre victime reste, cependant, ce marchand ambulant qui, malgré les pots de vin versés journalièrement ou mensuellement (cela dépend de la nature de son commerce), est contraint de quitter « malgré lui » et sans rechigner, les lieux. Car il est persuadé, dans son for intérieur, qu’une fois cette tempête apaisée, il reviendrait dans son lieu de prédilection pour s’adonner, de nouveau, à son activité. Mais, cette fois- ci, « le prix » ne sera pas le même. Il doit « cracher » davantage pour reprendre son activité commerciale. « Vous savez, les temps sont durs maintenant. Les hautes autorités nous tiennent à l’œil… », et tout le baratin que vous pouvez imaginer. Un jeu dans lequel excelle notre autorité locale ! Ceci  dans la but d’amadouer plus la victime potentielle. Bien sûr, le caïd ne s’abaisse pas à point. Il veille à rester ce « Makhzen puissant et intransigeant ». C’est au mkaddem du hay que « cette mission de marchander » est confiée. Ce dernier ne manque pas de négocier sa part même s’il proclame que tout cela irait au caïd. Les éléments des F.A de l’arrondissement se contenteront de « leur rendre visite », chaque jour, pour obtenir leur dotation minime soit- elle. Mais multipliée par le grand nombre de marchands, imaginez la somme réunie quotidiennement ! C’est ainsi comment se passent les choses. Allez voir un commerçant s’adonnant à une activité irrégulière pour vous informer et vous allez voir. Vous tomberez des nues !

Aujourd’hui, les autorités locales réagissent. Mais va- t- on croire pour de bon que la ville sera, pour autant, assainie de ce commerce informel? Rien qu’à voir le mal causé, la situation ne changera pas. Parce que ce mal est plus profond qu’on ne le pense. Il faudrait toute une armée pour décongestionner l’état rural qui a frappé la ville d’El Jadida.

En effet, la réalité est amère. L’anarchie totale peut- on avancer. Les ferrachas s’accaparent  des trottoirs et des chaussées tandis que les cafetiers et des commerçants de boutiques légaux, sans aucun droit, construisent leurs terrasses ou étalent leurs marchandise ou s’adonnent à leurs activités professionnelles (réparateurs de motos et bicyclettes, mécaniciens, soudeurs, tôliers…) sur le domaine public. Le pauvre piéton n’a plus son artère pour circuler. Il est contraint d’emprunter celle réservée aux véhicules roulant. Imaginez ce que peut découdre de cette situation. L’esthétique de la ville, de son côté, mouchardée. Qu’est devenue « ce Deauville marocain » qu’on qualifiait de « Reine des villes » marocaines.

C’est ainsi que le centre- ville qui en paie les pots cassés. C’est d’abord la propreté de la ville qui reçoit un mauvais coup. Un tour très tôt le matin fera découvrir au promeneur le ravage causé par ces inconscients. Une véritable décharge publique et la pueur dans certaines places. Notamment où on vend les sardines et autres poissons. Les maisons limitrophes ne se permettent plus d’ouvrir leurs fenêtres pour aérer et ensoleiller leurs intérieurs. La nuit, on n’a pas l’impression d’être dans la perle de l’Atlantique. La saleté fait légion. La crasse devant les snacks, en particulier à la place Mohamed V, fait honte et écœure. La collecte de leurs déchets ne s’opère que vers le coup de midi ! De l’insensé et de l’insouciance parce que la société privée chargée de cette tâche n’a pas cru bon renforcer son parc véhicules pour couvrir toute la ville à des heures décentes. Les cafetiers envahissent la totalité des trottoirs. Des « ferrachas », bénéficiant d’une autorisation municipale pour des raisons électorales disons- le vite, passent de sales et déconcertantes bâches de fortune pour protéger leurs marchandises. Les gargotiers de différentes bouffetances douteuses occupent quasiment le centre- ville et liquident en toute impunité leurs menus dans des conditions n’ayant rien d’hygiéniques. Tout cela, pas loin du patrimoine mazaganais déclaré par l’ONU patrimoine universel !

Est- ce c’est ce El Jadida qui émerveillait ? Est- ce cette Reine qui ensorcelait jadis ? Est- ce c’est ce site touristique qu’on veut être international ? Mon œil ! El Jadida est désormais un centre rural. Son centre-ville en témoigne. Il ressemble, de plus en plus, à un souk  hebdomadaire qui souffre de son état lamentable.

Il est temps que les différents responsables des autorités provinciales et locales assument pleinement leurs devoirs pour lesquels ils sont nommés et rémunérés. On ne pourrait tolérer de leur part aucune excuse, aucun prétexte et aucun laxisme de leur part. Le conseil municipal a fait ses preuves de paralysie totale. Il a bien montré qu’il est incapable de gérer la ville. Il a aussi montré qu’il s’est spécialisé, uniquement, dans la concession des terrains municipaux à des prix dérisoires. Pour la régie de la municipalité, oui. Mais pas pour leurs poches ! Il aurait dû songer à aménager dans certains terrains cédés, d’une manière louche, de petits marchés pour les ferrachas méritants si vraiment il était animé d’une bonne foi. De son côté, le gouverneur de la province, en tant que première autorité de tutelle et le premier responsable à être interpelé, se doit de réagir en sommant le conseil urbain de procéder au retrait définitif de ces autorisations d’exploitation du domaine public qui défigurent des administrations publiques et le centre- ville et en distribuant des instructions fermes à ses subordonnés directs de l’administration et à l’autorité locale. Les constructions sur ce domaine doivent être détruites tout simplement. Personne n’est censé être au- dessus de la loi. Se taire et ne pas agir est synonyme de complicité. Mais pour qu’il soit conforme avec sa mission et objectif dans son rôle, il doit sortir de sa tour d’ivoire pour effectuer des tournées, de jour comme de nuit, non pas seulement dans le centre- ville ; mais dans tous les coins de la ville. Même les plus reculés. Il découvrira, ainsi, de ses propres yeux ce qu’il en est de cette ville d’El Jadida.

A bon entendeur, salut !

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