Vernissage le vendredi 13 janvier à partir de 18h
Entre le 13 janvier et le 7 février 2023, Youssef Wahboun expose ses peintures récentes à Marrakech, à la Galerie Noir sur blanc. Intitulée métaphoriquement « True crime stories », une série de 16 techniques mixtes sur toile met en scène le drame existentiel de l’homme contemporain, à la fois victime et bourreau dans un monde acculé à s’accoutumé au mal.
Dans la continuité de la série « Le monde va tellement bien », les tableaux de « True crime stories » représentent des hommes et des femmes qui, sur fond noir, exhibent autant leur beauté que leurs blessures dans une subtile imbrication de l’érotique et du macabre. « Coupables d’exister », selon l’expression du critique d’art Olivier Rachet, arborant des chairs rugueuses et en relief qui apparentent leurs corps à une terre ravagée et aride, ces personnages évoluent parmi des crânes, des têtes coupées et des objets suspects qui se donnent à voir comme les attributs de crimes commis ou à commettre, suggérés dans des ambiances au contraste intense, où le pathos est étouffé au profit d’une ambivalence du beau et de l’abject, de la sérénité et de la mort. D’où cette capacité d’appel de l’art du peintre. Ses compositions, grands et moyens formats, à la fois agressent et fascinent le regard et invitent à une profonde méditation sur l’homme et le monde.
Des textes accompagnent les œuvres de l’artiste dans le catalogue. Mohamed Cherkaoui, chercheur en arts visuels, met l’accent sur la puissance cathartique de cette peinture : « Les toiles de la nouvelle série sont des représentations dantesques qui jaillissent des limbes d’une âme en peine donnant en spectacle les tourments qui nous habitent. Plus qu’un simple récit des injustices de la vie, les œuvres de Wahboun sont des élégies lugubres qui chantent la douleur humaine dans sa dimension fatidique. » Quant à Hassan Wahbi, poète et philosophe, sa réflexion s’ouvre sur cette mise en rapport avec l’auteur du Voyage au bout de la nuit : « Céline disait : Lorsque j’écris je mets ma peau sur la table .Youssef Wahboun met tout le corps. Ce qu’il figure fait voir ou recevoir brutalement la vulnérabilité, l’avachissement, le sacrifice immense des sujets. C’est une peinture sacrificielle. Le peintre raconte le monde dans une de ses limites, lorsque ce monde ne va pas bien… Pourtant, il y a une grande tendresse dans ces corps crépusculaires, faits et défaits. »
Né à Rabat en 1968, Youssef Wahboun est écrivain et poète. Il est notamment l’auteur d’un roman, Trois jours et Le Néant (2013) et d’une suite poétique, Les Hommes meurent mais ne tombent pas (2015), inspirée de l’univers artistique de Mahi Binebine et adaptée en pièce de théâtre chorégraphique par la troupe Corpscène. Il a soutenu deux thèses universitaires à mi-chemin entre l’histoire de l’art et l’esthétique comparée, disciplines qu’il enseigne à l’Université Mohammed V de Rabat, où il dirige également un Atelier d’Ecriture et de Recherche sur l’Art au Maroc et Ailleurs (AERAMA). Membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), il donne régulièrement, au Maroc et à l’étranger, des conférences sur les arts visuels, notamment sur l’art contemporain au Maroc. Artiste peintre, il expose ses œuvres au Maroc et en Europe depuis 1993.