Propos recueillis par :Abdellah Hanbali
Maria Zaki vient de publier un nouvel ouvrage de poésie aux éditions L’Harmattan à Paris, intitulé « Risées de sable ». Un deuxième livre coécrit avec le poète belgo-suisse Jacques Herman, paru le 10 janvier 2015.
Ce livre nous offre les voix des deux poètes tissées dans une nouvelle expression créative, visant à apporter un brin de changement à leurs écritures respectives.
Un exercice inédit et innovateur puisque chaque poème se compose à la fois de vers de l’un et de l’autre, des vers que l’on ne distingue que par leur typographie, les uns étant en caractères romains et les autres, en italiques.
A l’occasion de cette nouvelle parution, Maria Zaki a accepté de répondre à nos questions.
Quelle était votre intention en réalisant ce nouveau recueil de poèmes à quatre mains ?
Après « Et un ciel dans un pétale de rose », le premier recueil où Jacques Herman et moi-même avons entrecroisés nos poèmes afin de témoigner, à notre manière, du caractère universel de la poésie, l’idée de renouveler l’expérience ne nous déplaisait pas. Mais nous ne voulions pas la réitérer à l’identique. C’est alors que l’idée de mettre encore plus en lumière le processus de versification croisée dans chaque poème, nous est venue.
Il s’agit bien d’une poésie empruntant à la fois votre voix de poète oriental et celle d’un poète occidental, cela ne vous a-t-il pas posé des problèmes ?
Non, car nous pensons tous les deux que la vraie poésie est universelle et qu’il est illusoire de penser que des barrières peuvent exister entre des poésies, même totalement étrangères à l’origine.
Est-ce qu’il n’y avait pas quand même des risques que l’une des voix ne l’emporte sur l’autre ?
Pour éviter ce genre de problème, nous nous sommes attachés à penser cet échange comme quelque chose de créatif et de personnel. Il ne s’agit pas de jeu d’influence, mais d’hybridation (si je peux utiliser ce mot à connotation scientifique), sans la moindre mise en avant d’une voix par rapport à l’autre. Il ne s’agit pas, non plus, d’une dilution mutuelle (excusez-moi, les mots de la chimie reviennent). Ce travail est le signe d’un partage consenti dans les règles de l’art.
Maria Zaki est une poétesse et écrivaine née à El Jadida. Ancienne étudiante de l’Université Chouaib Doukkali (Faculté des sciences), puis enseignante à la même Faculté, actuellement elle réside en France, depuis 2002.
Avec une formation scientifique (Doctorat d’État en chimie) et une profession également scientifique (directrice de Recherche et de Développement), elle a su pénétrer l’univers de la littérature par la porte secrète – celle des alchimistes – grâce à sa grande passion pour les sciences humaines.
Elle a été découverte en 1992 par Abdelkébir Khatibi, alors directeur de l’Institut universitaire de la recherche scientifique de Rabat.
Depuis toujours, ses mots réclament le droit à l’expression dans le monde complexe et paradoxal des sentiments. C’est la poésie qui lui permet, la première, de leur donner vie et de leur prêter forme. Peu à peu, l’écriture devient pour elle un moyen de confronter l’intime à l’histoire, et la mémoire individuelle à la mémoire collective.
Alors elle écrit des nouvelles, des romans et toujours des poèmes, puis devient membre correspondant de Pen Club International.