De plus en plus, un nombre croissant de Marocains, imprégnés par la progression de la culture des droits de l’homme, réclament avec insistance, l’éradication de certains comportements, considérés comme appartenant à un autre âge. Il s’agit, vous vous en doutez d’ailleurs, du baisemain.
Il n’est nullement dans mon intention de justifier une pratique, que beaucoup de gens considèrent, comme dégradante, voire humiliante, par quelques arguments et autres élucubrations, mais je veux surtout montrer que cette pratique, puise ses racines, dans les fins fonds de notre Histoire et notre culture.
Si on résume les conclusions de certains anthropologues, qui ont inspiré feu Paul Pascon et son élève et collègue Abdallah Hammoudi, ils considèrent que le système politique Marocain est centré sur la personne du sultan, et chaque sujet considère sa position sociale, en fonction de la proximité ou l’éloignement de sa sainte personne.
Plus on est proche de lui, et plus on détient de l’autorité, et par conséquent, on appartient à l’élite ou la khassa, et le fait de baiser la main du sultan est une manifestation de cette proximité et cette appartenance.
Si on consulte l’Istiqsa, d’Ahmed Ennaciri, et principalement le volume 8, qui relate des informations concernant les envoyés officiels du Sultan Sidi Mohamed ben Abdallah, à la Mecque, on constate que ces derniers, se plaignaient, selon ce que rapporte ce chroniqueur, des agissements des responsables des lieux saints, qui ne les laissaient pas accomplir les rites, selon leurs traditions.
Et ces responsables, influencés par le Wahabisme, répliquaient, à leur tour, que les Hajs Marocains exagéraient dans leur manière de baiser le tombeau du prophète, de manière à laisser croire, qu’ils le considéraient comme l’égal de Dieu.
Disons pour conclure, que le fait de réclamer l’éradication de cette pratique, selon une optique moderniste, tout en négligeant son aspect historique et culturel, n’est pas la bonne stratégie.