A peine on évoque le phénomène du « piratage » en musique chaâbi, que les pensées d’une majorité se focalisent sur les CD gravés et écoulés illégalement dans les quatre coins du royaume.
Une « vérité » qui s’est ancrée dans les esprits, au fil du temps et qui résulte, en grande partie, d’un matraquage médiatique, opéré par les déclarations de certains artistes, dans les réseaux sociaux et à la radio et télévision.
Des artistes qui font étalage de leur grand désarroi, quant aux pertes et aux dégâts subis face à ces piratages et qui ont fini par « démotiver plus d’un », au point de compromettre la suite de certaines carrières.
Mais ce qu’ils se gardent tous de dénoncer, c’est le piratage dont ils sont eux même auteurs et par extension, les dégâts qu’ils occasionnent les uns aux autres.
En effet, pas loin de 80% de nos chanteurs du chaâbi et en dépit de leur « célébrité» et la familiarité de leurs visages, n’ont pas une seule chanson qui soit la leur !!!
Tout au long de leur « carrière », ils n’ont fait que re-chanter et ré-enregistrer les « hits » des autres… Et dans la majorité des cas, sans même prendre la peine d’en demander l’autorisation aux vrais auteurs et interprètes.
C’est ce comportement « sauvage » et cet univers labyrinthique qui nous donne aujourd’hui, ce climat malsain et peu propices à la création.
Un univers où les véritables artistes-créateurs éprouvent les pires difficultés pour continuer à travailler d’arrache pied et à produire, quand une armada de « chanteurs », n’attend que la fin de votre labeur et de votre création, pour s’accaparer (gratos), le produit fini et affiné.
Le jour où une loi défendra les intérêts des vrais artistes dans ce pays, une majorité parmi ceux qui dénoncent le piratage aujourd’hui, sera écartée des circuits artistiques, à jamais
Mais en attendant ces lois, ces « artistes » continuent d’exiger une répression sévère à l’encontre des pirates et du piratage, tout en ignorant qu’ils en sont les grands auteurs et les grands…bénéficiaires.
Mais ce qui fait vraiment plaisir dans cette « jungle artistique » , c’est qu’il existe des chanteurs du chaâbi qui sont à féliciter pour avoir mis un point d’honneur à persévérer et à continuer à créer et à enrichir cette couleur musicale, sans jamais « se servir » dans les répertoires les autres . Nous en citons, à titre d’exemple, la regrettée Fatna Bent El Houcine (Kharboucha, Hajti Fi G’rini, L’Hasba…) et Stati (Sidi Ahmed, Ach Sammak Allah, Ali Day …) entre autres.
Deux grands artistes qui nous viennent d’Abda-Doukkala.
Une réalité impossible à démentir…tout chauvinisme mis à part.
Abdellah Hanbali