Par: Abdellah HANBALI
En voulant joindre l’utile à l’agréable, l’agréable s’est révélé être un mielleux piège qui s’est vite empressé de la happer et d’ébranler son Moi initial au point de devenir son ballon d’oxygène.
Deux responsabilités, qui n’ont à aucun moment constitué un quelconque handicap pour notre artiste-peintre. D’abord, au vu de l’étroit lien qui existe entre la nature de son travail et celui de ses toiles. Et ensuite, des relations profondes qui ont toujours existé, jusqu’à une certaine mesure, entre la dichotomie vie / œuvre, de l’artiste.
Vue sous cette optique, cette complémentarité susmentionnée est ce qui permet au peintre de retrouver toute la marge de liberté dont il a besoin pour s’exprimer et extérioriser un Moi profond et qu’il a, parfois, de la peine à communiquer à autrui, autrement qu’a travers l’art…
Ingénieure d’Etat généticien, Halima DOUA, pour ne pas la nommer, a fait ses études à l’Institut Agronomique Vétérinaire Hassan II. Depuis son très jeune âge, notre artiste passait ses loisirs à peindre…Nature morte, paysages ruraux ou citadins, portraits …et porte comme cachet particulier, cette grande mise en valeur, de notre patrimoine et de notre héritage traditionnel.
Mais entre le hobby d’hier et la subtilité fascinante d’aujourd’hui, qui émane d’une superposition des couches de peinture les unes sur les autres ; l’animation des couleurs, la précision du geste, la force… sont quelques caractéristiques de ses toiles, qui témoignent si besoin est, du long et périlleux chemin que Halima DOUA a du parcourir : » La quête de la perfection est la chose qui me stimule et me donne le punch nécessaire pour continuer.Et pour que je puisse maîtriser une lumière, une forme, un fond, une multitude de couleurs, et faire en sorte qu’elles paraissent en grande harmonie entre elles, une connaissance approfondie en la matière est nécessaire… elle s’impose.
Le progrès de tout artiste, dépend de sa grande capacité de travailler et de sa patience (passion), seuls atouts capables de lui donner cette envie de reprendre une même chose, plusieurs fois de suite, sans jamais se lasser ni se décourager, jusqu’à ce qu’il aboutisse aux résultats escomptés. Chaque détail compte sur une toile et chaque maillon revêt toute son importance. »
Et c’est là qu’on comprend pourquoi Halima DOUA dépose toute sa sensibilité et son égard naturel sur une toile, effectuant par là un véritable et consciencieux travail de fourmi.
Et, telle une cigale, elle choisit d’hiberner automne comme hiver, pour ne réapparaître qu’aux premiers signes du printemps, quand la nature chante, danse et fait la fête ;quand les couleurs fraîchement nées la baignent de leur voile arc-en-ciel ; quand tout n’est que délire de couleurs, densité des paysages, force des teintes, métamorphose, bouillonnement, feux d’artifice…C’est le moment de prédilection et le moment propice que choisit DOUA pour s’animer et s’activer…Et puis d’un geste allègre, où son humeur frétille de joie de vivre, elle s’empresse avec adresse, de reproduire cette lumière magique et ce reflet aux mille et une couleurs.
Et si la couleur noire reste bannie de ses tableaux, c’est loin d’être une simple coïncidence. Halima évite soigneusement cette couleur synonyme de deuil…Elle n’a tout simplement pas de place dans une nature si jeune, si vigoureuse et si pleine de vitalité.
Par ses tableaux grand-format et sa peinture d’huile, qui ont de loin sa préférence, elle est en quête de clarté et de lumière, les seules, d’après notre artiste, qui soient à même de lui permettre un certain degré d’errance (un brin de démence ?) entre ce Moi conscient et le Moi subconscient.
Cette lumière et cette clarté tant recherchées sont là pour être vues. Elles permettent de focaliser l’attention sur les traits, les couleurs et l’harmonie générale de la toile plutôt que sur les contrastes.
Et Grâce au jeu ombre/lumière, maîtrise/maestria, à même de faire « parler ses toiles » : la vie, l’émotion et ce Moi qu’on a tant envie d’extérioriser… éclatent au grand jour, tels des feux d’artifice, libres de leurs mouvements, fiers de leur beauté, ivres de bonheur… à la conquête de l’autre… à la conquête de l’univers.
La saison préférée de notre abeille et un énième hymne à la nature, qui est loin de déplaire, à cette Doukkalia, vivant et travaillant à Rabat.