Par :Ismail H
Peut-on réellement parler de fièvre électorale au Maroc? Il est permis d’en douter, tellement le Marocain ordinaire parait déconnecté par rapport à la réalité politique de son propre pays. Pouvait-il en être autrement dans un pays où toutes les décisions majeures sont concentrées entre les mains du roi et non pas celles du chef du gouvernement, en violation claire de l’esprit de la constitution de 2011? M. Benkirane semble être totalement dépassé par les événements et passe davantage son temps son temps à justifier des décisions prises en haut lieu plutôt qu’à prendre lui-même l’initiative. C’est la recette parfaite pour forcer la séparation entre les élites et l’opinion publique.
On peut trouver à M. Benkirane une infinité d’arguments pour justifier un certain nombre d’engagements électoraux non tenus, à commencer par une conjoncture économique délicate, une flambée des prix des matières premières sur les marchés internationaux, un léger recul des recettes dans des secteurs stratégiques…Dans la majorité des gouvernements occidentaux, il a été pratiquement impossible d’honorer scrupuleusement l’agenda électoral en raison de des séquelles de la crise économique. Mais il y a une grande différence. Dans les pays à tradition démocratique ancrée, le gouvernement est totalement responsable de son action devant le peuple et le parlement, alors qu’au Maroc, il s’agit d’abord de rendre des comptes à l’entourage royal, avant d’endurer le chantage d’une coalition gouvernementale contre-nature.
Discrédit
Indépendamment des résultats des prochaines élections régionales et communales, il est fort peu probable que les élus marocains aient les coudées franches. C’est qu’en dépit des dispositions de la nouvelle constitution, un wali ou un gouverneur disposent toujours d’une marge de manœuvre dépassant celle du maire, alors que dans tous les pays réellement démocratiques, l’autorité locale est du ressort du premier édile. Chez nous, c’est le gouverneur qui doit donner son feu vert en cas d’émeute ou de trouble à l’ordre public.
Et qu’en est-il du niveau de certains élus? Le mérites de plusieurs d’entre eux est d’avoir beaucoup d’argent et de faire du social à l’approche des élections, mais une fois confrontés à la réalité de la gestion communale, c’est la débandade. Nos villes pullulent toujours autant de marchands ambulants, d’handicapés mentaux lâchés dans la nature, de mendiants qui prolifèrent de façon inquiétante…Sans parler de la criminalité que les pouvoirs publics à tous les niveaux semblent incapables de juguler. Comment les élus municipaux peuvent-ils dans ces conditions réclamer aux citoyens qu’ils leur renouvellent leur confiance? La préoccupation première des marocains aujourd’hui est la sécurisation des villes et la lutte efficiente contre le crime. Ils exigent aussi et avec raison que la justice fasse preuve de moins de laxisme face aux criminels de la pire espèce qui sèment la terreur partout à travers le pays et surtout que le rapport de confiance avec les élus s’instaure dans l’intérêt de tous.
Il s’agit de se pencher sur une infinité de dysfonctionnements qui minent notre administration, à commencer par l’absentéisme chronique, les grèves abusives qui paralysent toute la vie administrative avec la bénédiction coupable des syndicats, la légèreté avec laquelle les dossiers de certains citoyens est traitée…C’est ce qui compte aux yeux des électeurs….Encore faut-il qu’ils aillent voter et que les élus aient les moyens de leur politique