El-Jadida : Une Ville Qui Perd De Son Âme !

Beaucoup de jdidis s’en offusquent aujourd’hui de la destruction d’une partie de l’hôtel Marhaba.

 C’est comme si une partie de leur enfance qui y disparaît. Une partie de leur âme aussi.

« Questionné à ce propos par notre confrère CHAHID AHMED, lors d’un long entretien, dont l’une des questions a été qu’ujourd’hui, El Jadida n’est plus cette ville où vous avez passé votre enfance…Estimez-vous qu’elle a grandi en meilleur ou en pire . Fouad Al Aroui a répondu

 «  Là, vraiment, je vais réserver mon jugement parce qu’en vérité, je ne sais pas. Cela dépend des jours. Parfois, je me dis que c’est tout à fait naturel, les villes grandissent, on a fait Jorf Lasfar, ce qui est excellent pour le développement du pays, on a érigé de beaux hôtels, d’autres projets grandioses attendent leur tour…C’est dire que tout va bien lorsque le progrès est bien conduit.

C’est très bien d’être optimiste, seulement en référence à notre enfance, on voudrait que les choses restent telles qu’on les avait connues autrefois, je ne voudrais pas venir un jour dans une ville où je me sentirai étranger. Donc, il y a des endroits dans cette ville qui sont emblématiques pour nous et il faut qu’ils restent tels qu’ils sont, sinon, la ville perdrait toute son âme.

Vous savez, je ne défends pas la ville d’une façon théorique ou intellectuelle, mais ma réaction est purement émotionnelle.

Tout au début de notre entretien, j’ai évoqué à quel point l’enfance te donne la structure pour la vie et je vais vous dire pourquoi : l’une de mes premières émotions esthétiques est née de la contemplation du bâtiment  devenu aujourd’hui Musée des anciens combattants (ex Bureau Arabe)  Je me souviens que lorsque je descendais à la plage, à pied, bien sûr, je passais toujours à côté de ce bâtiment que je trouvais très beau, parce qu’il est harmonieux, il n’est ni trop grand ni trop petit et il s’intègre bien dans son environnement. C’est pour cela que j’estime qu’il existe à El Jadida beaucoup d’autres anciens édifices et lieux de mémoire qui doivent être sauvegardés comme cela se pratique dans d’autres pays.

Enfin, il y a lieu de se rendre à l’évidence du fait que les gens qui ne sont pas d’ici et qui détruisent pour construire de très beaux projets, ne peuvent être qualifiés de méchants et nous de gentils, la seule différence entre nous, c’est qu’on ne partage pas les mêmes souvenirs, ni les mêmes repères. Notre rôle, c’est de les sensibiliser, et pourquoi pas, en créant une association, genre «  Mémoire d’EL Jadida » qui pourrait être parrainée par l’O.C.P, ce dernier qui s’et largement implanté à El Jadida a démontré ses capacités à s’ouvrir sur son environnement extérieur ».

Autrement, c’est aux jdidis de s’organiser et de parvenir à faire entendre leurs voix à chaque fois que nécessaire. Les différents gouverneurs qui se sont succédé sur cette ville n’en comptaient pas un seul jdidi. Et donc, des personnes qui n’avaient pas la même vision, les mêmes repères et mémoires d’enfance que nous.

Aujourd’hui ce sont les escaliers de l’hôtel, demain ce sera l’hôtel, lui-même, comme ce fut le cas du café Al Mouhit et ses célébres chansons d’Oum Kaltoum qu’il diffusait à chaque été de notre enfance, du café Chams, accaparé par des élus corrompus et transformé en un lieu « louche », de l’entrée principale de la plage, détruite il y a une vingtaine d’années, du terrain de volley (ouvert à tous), des vestiaires d’en face, des cabines….

Bref, les jdidis doivent comprendre qu’au lieu de s’offusquer du présent , mieux vaut s’organiser, pour mieux parer aux désagréables surprises qui ne manqueront pas de se présenter dans l’avenir. »

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