El Jadida : Théâtre Said Afifi… à qui incombe désormais sa gestion ?

Lors de la session ordinaire du Conseil Communal qui s’est tenue le 3 octobre 2019, des dossiers chauds relatifs à des questions fondamentales en relation avec la gestion de la chose publique, avaient été débattus et soumis au vote.

Parmi les questions très controversées qui avaient été soumises au débat, la gestion du théâtre Afifi par le Ministère de la Culture.

Le Conseil avait approuvé la décision de la cession du théâtre Afifi au profit du Ministère de la Culture, qui devait en assurer l’administration et la gestion. La Commune renonçait ainsi à ses droits inhérents à la gestion de ce théâtre, et par conséquent à tous les privilèges et avantages qui en découlaient au profit dudit Ministère.

Le débat avait été marqué par des désaccords et des altercations entre les membres du Conseil Communal dont certains contestaient la formulation des termes de la convention de passation et ont suggéré de les reformuler de manière à éviter toute équivoque sur son interprétation juridique pour que les droits de la Commune soient bien explicites.

D’autre part, cette décision allait entraîner la passation légale au profit du Ministère de la Culture, de la propriété du bien immobilier relatif au théâtre, et la Commune perdait de ce fait toute autorité sur ce bien. Il en résultait la mise à disposition du théâtre, ainsi que le personnel y exerçant, à la disposition effective du Ministère de la Culture aussi bien pour sa gestion que pour son exploitation.

Pour certains, céder le théâtre au Ministère de la Culture était plus judicieux, que de le garder fermé, étant donné les procédures complexes que la Commune imposaient aux associations qui désiraient bénéficier de ses espaces.

Il faut rappeler que suite à ces décisions, certains acteurs de la scène culturelle et artistique avaient considéré que le Conseil Communal confirmait de plus en plus sa régression évidente quant à ses capacités à gérer la chose publique, et continuait dans sa lancée des cessions incompréhensibles des biens immobiliers communaux. Des cessions, qui, rappelons-le, n’obéissaient à aucune réglementation ou cahier de charges préétablis, en mesure de déterminer les obligations et les devoirs de chaque partie. Le Conseil communal avait donc approuvé, lors de cette session ordinaire, la décision de renoncer à ses prérogatives se rapportant à l’exploitation du théâtre Said Afifi.

Rappelons aussi qu’en décembre 2019, lors d’une visite de suivi des projets de développement touchant les secteurs de la culture et de la jeunesse et des sports dans la région, M. El Hassan Abyaba, alors Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sport, porte-parole du gouvernement, il avait procédé à la signature d’un partenariat de coopération entre le Ministère -département culture- et le Conseil communal d’El jadida, visant à confier l’administration et la gestion du « théâtre Said Afifi » au département de la culture dans l’objectif de réaliser un véritable décollage dans les domaines de la culture et du théâtre, tant au niveau de la présentation qu’au niveau de la promotion et de la production théâtrale.

Aujourd’hui, près de deux ans après la signature de cette convention, les promeneurs continuent à investir ses escaliers lors de la saison estivale, mais aucun changement ne semble pointer à l’horizon et ce mythique théâtre, qui continue de subir les effets du temps, et surtout, de souffrir de toutes ces odeurs nauséabondes qui se dégagent de sa façade, côté port, dues à ces marginaux qui viennent s’y soulager.

Il est évident que ce théâtre, qui constitue un réel patrimoine pour les jdidis, a besoin d’une véritable réhabilitation, qui devrait être réalisée par des professionnels en la matière. Car lors de sa dernière rénovation, l’installation de son acoustique qui était encastrée dans les murs, a été entièrement endommagée, ou volontairement supprimée. Ce qui a eu pour graves conséquences, l’endurance des artistes, lors de la présentation de leurs spectacles sur scène, à cause de cette défaillance en équipement, sans oublier la contrainte de chaque groupe désirant se produire dans ce théâtre, de ramener absolument son matériel de sonorisation.

De plus, et pour assurer la continuité des activités culturelles de ce théâtre, il faudrait nécessairement instaurer une direction administrative pour garantir la gestion, et une direction artistique pour gérer tous les aspects se rapportant à l’art et à la culture.

Il faut noter que feu Said Afifi, ne cessait d’organiser des ateliers de formation, qui ont donné bon nombre d’artistes dans le domaine du théâtre. Une tradition qui devrait être perpétrée afin de pérenniser l’action menée par ce grand homme dont ce patrimoine porte le nom.

Khadija Choukaili

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