Et une fois de plus, les autorités « organisent » une énième campagne d’une « tentative » de libération de l’espace public, censé hélas, être libre d’office.
On est tenté de se demander à qui incombe cette décision d’autorisation d’une occupation (d’office illicite) d’un espace public.
Certes, on assiste souvent à El Jadida à ce genre de campagnes d’une soi-disant libération de l’espace public, squatté illégalement par des marchands ambulants ou même par des commerçants qui se permettent de dépasser l’espace autorisé en étalant leurs marchandises ou leur table de cafés sur les trottoirs réservés, en principe, aux piétons.
Une réelle anarchie qui porte fortement atteinte à l’image de la ville et à l’environnement très impacté par l’amoncellement des déchets laissés par ces commerçants inconscients des dégâts qu’ils provoquent.
Le comble est que ces campagnes s’acharnent sur ces squatteurs de l’espace public en les chassant, en leur faisant vider les lieux en saisissant leurs marchandises et leurs étals, avec vidéos et photos à l’appui, pour immortaliser et tenter de prouver leur détermination à éradiquer ce phénomène, pour fermer l’œil quelques jours après, et laisser l’anarchie une fois encore reprendre le dessus.
On constate, malheureusement, que ces mêmes squatteurs déménagent deux boulevards plus loin, occupant un autre espace, allant jusqu’à bloquer totalement les avenues, et par la même occasion la circulation, sans qu’aucune réaction n’émane de ces mêmes autorités qui ne lèvent pas le petit doigt pour empêcher cette anarchie.
A titre d’exemple, le quartier Lalla Zahra, dont des commerces et des habitations avaient été ravagés par un grave incendie le 8 janvier 2020, suite auquel les autorités avaient décidé d’entreprendre une opération de libération de cet espace et du souk Brahim.
Lors de cette opération de grande envergure au quartier Lalla Zahra, les autorités locales, sous la supervision du Pacha de la ville et des responsables de cinq arrondissements, avaient pu saisir des marchandises, des charrettes, des parasols et du matériel qui était destiné à préparer les étals des commerces ambulants et à occuper de nouveaux espaces publics, tels que du bois, des supports métalliques… Mais l’anarchie et le désordre ont repris de plus belle quelque mois après cette grande campagne d’assainissement dans laquelle ont été impliqués les responsables des arrondissements concernés.
Certes, ces interventions ponctuelles permettent de rétablir momentanément l’ordre au niveau de ces quartiers, mais pour combien de temps ces espaces restent-ils libres ?
Il est évident que plusieurs questions restent posées car ces compagnes se suivent et se ressemblent sans jamais parvenir à une éradication complète de ce phénomène de société que les autorités « n’arrivent » pas à maîtriser.
Ce phénomène est-il donc, à ce point, impossible à cerner ? Ou cette situation profiterait-elle à certains ? N’est-ce pas là un « consentement de facto » de la part des structures concernées ?
Est-il difficile de créer un comité permanent au sein des communes afin d’éviter aux squatteurs récidivistes d’occuper d’autres espaces?
Ce genre de campagnes, effectuées de manière sporadique, donnent, certes, immédiatement les résultats escomptés, mais pour combien de temps ? C’est là, la grande question.
El Jadida a besoin d’une stratégie de gestion et d’organisation de longue haleine et d’une application stricte des lois en vigueur afin de venir à bout de tous les subterfuges dont usent certains pour se remplir les poches au détriment du développement de la ville et de la sauvegarde de tous ces boulevards où il faisait bon se promener sans devoir slalomer entre des étals.
Khadija Choukaili