
Qualifier la circulation routière à El-jadida de difficile relève de l’euphémisme. Tout déplacement, à pied, à moto ou en voiture, se fait et s’appréhende en dehors de toute règle. Les comportements anarchiques demeurent à l’origine des trop nombreux accidents et la quantité des chauffeurs-chauffards ne cesse de s’accroître à El Jadida.
Devant cette situation aussi agaçante qu’inquiétante, on peut se demander comment faire respecter le code de la route à des usagers souvent peu sensibilisés aux dangers de la circulation. Multiplier les policiers à chaque feu rouge ne servirait à rien puisque même ces pauvres agents sont exposés aux dangers. Pis encore, certaines personnes se croient au-dessus de la loi et se comportent avec dédains vis-à-vis des policiers. D’autres encouragent leurs enfants à monter sur leurs scooters tout en oubliant que ces derniers affrontent les yeux ouverts la mort à tout instant vu que ces pauvres adolescents partent à toute vitesse sur la roue arrière sous les applaudissements de leurs amis et même de leurs familles.
On peut également se poser des questions sur la qualité des infrastructures et sur la réflexion autour de l’urbanisation d’El Jadida. Trop de carrefours ont été mal pensés, à l’instar du croisement devant le stade Lachheb, Ibn Badis, place Abdelkarim El Khattabi, route de Marrakech, près de l’usine Pfizer…
D’aucuns ne cessent de le répéter, El-jadida est une ville qui a été mal conçue à partir des années 80 et surtout dans les années 90. La situation est intenable, et la ville suffoque sous la pression d’incessants flux de véhicules, de motocyclistes, d’engins et autres transporteurs qui envahissent la ville chaque jour.
Dès lors, il est difficile d’entrevoir à terme des possibilités de transports en commun fiables à El Jadida, alors que toute ville doit en disposer pour la fluidité du trafic et le service d’utilité publique qu’en attendent les habitants.
Pourquoi ce problème se pose avec acuité?
L’aménagement urbain de la ville d’El Jadida a été fait sans aucune vision futuriste et sans aucune projection dans le temps. Tout laisse à croire que tout se gérait à cette époque du jour le jour comme si El-Jadida de 2020 serait le même que celui de 1980 ou 2000. Cette carence en matière de gestion semblait être la devise de nos responsables locaux. Tout se faisait dans un cadre restreint, limité à quelques personnes qui ont prouvé à plus d’un titre leur incapacité à user des prouesses des mathématiques et des statistiques. Il semble que la devise suivie par ces cadres et même par les élus est : «Après moi, le déluge».
Tout le monde se contentait de faire ses petits calculs égoïstes basés sur le jour «J», sans jamais se soucier des générations futures ou tout simplement du Maroc de demain.
Ainsi, chaque année le nombre de véhicules croit d’une manière exponentielle de sorte que les artères de la ville, même les plus larges d’entre eux, peinent à assimiler ce flux d’automobiles et sur le plan circulation et sur le plan de stationnement.
Les pauvres policiers sont là pour témoigner de cette situation désastreuse. C’est eux qui travaillent plus de 16H par jour pour sauver la face des mauvais concepteurs du plan de la ville et c’est eux qui portent tout le poids de cette anarchie sur les épaules.

El Jadida est appelée à grandir de plus en plus aux niveaux démographique et géographique. Le problème de la circulation risque de s’aggraver d’année en année. Ainsi, au lieu de penser à la conception d’un réseau routier redimensionné en fonction des spécificités et normes urbanistiques locales et de la configuration de la ville, les idées fantasmagoriques du service de l’urbanisme ont nuit de plus en plus à la fluidité du trafic dans toute la ville. Et ce, par exemple, en acceptant la réalisation de chaussées moins larges et sans espaces de stationnement pour éviter tout encombrement comme c’est le cas tout au long de la corniche dans l’avenue de Nabeul.
Que faire donc pour inverser le phénomène ?
Doit-on repartir à zéro et définir une politique d’urbanisation réfléchie et tournée vers l’avenir?
Mais une telle solution semble relever d’un pari fou auquel l’autorité provinciale ne se risquerait pas tant qu’elle ferme l’œil sur les déboires de ceux qui se croient les manitous de la ville.
Doit-on délocaliser une partie du commerce et des établissements scolaires vers la périphérie ou tout au moins, assurer une bonne répartition géographique de ces établissements?

Le plan d’aménagement établi au temps de l’ex-gouverneur d’El-jadida, M.Ahmed Arafa, aurait pu participer à la déconcentration du centre-ville. Malheureusement, il continue encore à subir les conséquences néfastes de la vision décousue du service provincial de l’urbanisme étant donné qu’on a autorisé la construction de nouveaux gigantesques quartiers (Hay Al Matar, Saâda 1-2-3, Salam…) dépourvus d’infrastructures de base tels que marchés, espaces verts, terrains de proximité, dispensaires, arrondissements urbains…
La situation actuelle en matière de conduite automobile est infernale et dangereuse : les stationnements dans certains axes routiers et plus précisément devant les façades des édifices étatiques du centre-ville, ; les stationnements gênants sur les voies à double sens ou sur les trottoirs deviennent une pratique établie ; le sens interdit se transforme en sens obligatoire pour certains conducteurs à l’intelligence débordante pour contourner un bouchon.
Les scootéristes et les motocyclistes s’adonnent à des slaloms pour se faufiler entre les voitures. Les bus et les taxis urbains s’adonnent, quant à eux, à des excès de vitesse piétinant souvent la ligne continue et effectuant des dépassements aux intersections. Les lieux de stationnement ne sont pas tous réglementés et les arrêts fréquents de certains chauffeurs de taxis en deuxième position gênent les autres usagers et rendent souvent la circulation difficile. Et, bien que la police de la voie publique fasse montre de bonne volonté en occupant de bon matin certains axes routiers et carrefours de la ville, le nombre et la densité des véhicules sont tels qu’il lui est impossible d’assurer des passages sans heurts.
Cependant, le nombre d’accidents de la circulation à El-jadida n’est pas seulement provoqué par le mauvais état technique des véhicules, mais aussi par les visites techniques de complaisance et l’état des routes.
Les autorités devraient songer à instaurer un contrôle strict à l’intérieur de la ville. Ainsi, les agences de contrôle technique s’adjugeront un plan de charge utile pour tous.
Mais peut-on vraiment repenser la circulation fluide d’une façon réaliste et futuriste, avec un plan d’exécution qui répondrait au besoin de ré-urbanisation d’El Jadida?
Sans aucun doute à condition qu’une politique de la ville à long terme s’impose, une politique qui, dans vingt, quarante ou cinquante ans, ne sera pas dépassée par la démographie galopante.
C’est aujourd’hui une exigence pressante pour les autorités provinciales de veiller à la réalisation de rues et routes bitumées de qualité. D’autre part, les travaux de mauvaise facture du passé, réceptionnés souvent avec empressement, ont leur part de responsabilité dans l’actuel chaos urbain (1ère tranche de l’avenue Ennasr)
Par: Haj Abdelmajid Nejdi