Par: Khadija Choukaili
L’Organisation des Villes du Patrimoine Mondial doit certes, concilier entre conservation du patrimoine et développement urbain et a une responsabilité particulière en matière de promotion et de mise en œuvre de la convention du patrimoine mondial dans les villes qui en sont membres.
El Jadida, disposant de la belle cité portugaise remplissait les critères de sélection pour être classée en tant patrimoine mondial. Cependant, sa sélection était liée à certaines exigences d’ordre urbanistiques qui se sont traduites par la démolition des maisons et des magasins de Derb Daggaga. Ce qui a donné certes, un certain charme et une vue panoramique aux alentours de la cité.
Il était évident que l’expropriation des commerçants et des habitants de cette ruelle fasse l’objet de négociations qui se sont déroulées entre les propriétaires d’une part et les représentants des autorités à savoir, le président du Conseil Communal M. Abdellatif Toumi et le Pacha de la ville, d’autre part.
Au terme des négociations, il a été décidé d’indemniser les habitants en leur offrant en contrepartie des parcelles de terres à Hay Salam, tandis que des promesses verbales ont été données aux commerçants selon lesquelles des locaux commerciaux leur seraient attribués ultérieurement.
Malheureusement, aucune suite n’a été donnée à ce dossier, notamment après la fin du mandat du Président de la Commune ayant été en charge de cette affaire, et au niveau de la préfecture suite à la nomination d’un nouveau gouverneur.
Après l’élection de M. Soujda à la présidence du Conseil Communal, les négociations avec les expropriés ont repris et une promesse leur fut donnée de leur délivrer un lot de terre sis rue Tarik Bnou Zyad, près du cimetière Sidi Bouafi.
Cette décision fut approuvée à l’unanimité par le Conseil Communal lors de l’une de ses sessions. Le projet a effectivement vu le jour et des locaux commerciaux furent construits.
Cependant, la réalisation de ce projet n’a malheureusement pas été la fin du calvaire de ces citoyens qui ont été expropriés et livrés à leur sort. Après leur construction, les locaux commerciaux sont restés clos, et encore une fois, les promesses du Conseil Communal n’a pas été tenue.
Plus de dix années se sont écoulées depuis la démolition de leurs commerces, sans qu’aucune solution palpable n’ait vu le jour au profit de ces familles qui sont, depuis, livrés à eux-mêmes sont aucune ressources financières.
Une histoire vraiment déconcertante. La cité portugaise a certes été classée en tant que patrimoine mondial. Derb Daggaga a bien été démoli conformément aux exigences de l’Organisation des Villes du Patrimoine Mondial. Et ce qui est resté non conforme, c’est le fait que ces pauvres malheureux en ont payé le prix en étant dépouillés de leurs commerces qui représentaient leur seule ressource financière, sans avoir bénéficié d’aucune indemnisation en contrepartie. Et cela dure depuis plus d’une décennie.