Le ras le bol des élèves et de leurs parents, qui attendaient la première occasion pour descendre dans la rue pour faire entendre leur voix.
Par: Khadija Choukaili
Qui de nous, en tant que parents, n’a pas rêvé de voir ses enfants classés parmi les meilleurs dans leurs études. On se démène pour les faire avancer et pour voir en eux ces petits génies capables de résoudre les équations les plus compliquées.
Cette envie grandissante,pour les parents, de voir leurs enfants réaliser «leurs propres rêves» fait qu’ils usent de tous les moyens pour que leur progéniture occupe les premières places dans le classement scolaire.
C’est ainsi que, ces dernières années, le soutien scolaire privé au Maroc, a connu un essor spectaculaire et El Jadida n’en fait pas exception puisque ce business des cours particuliers n’y a jamais été aussi florissant.
Les parents d’élèves n’hésitent pas à payer le prix fort pour que leurs enfants arrivent à réaliser les meilleures performances à l’école.
Quant aux professeurs, on se rend à l’évidence qu’ils n’hésitent pas à en profiter allègrement, étant donné qu’en tant que fonctionnaires, ils n’ont pas le droit de pratiquer une activité libérale génératrice de revenus.
Il est regrettable, voire scandaleux, que certains abusent de leur position d’enseignants pour obliger les élèves à s’inscrire à leurs séances payantes, sous peine de récolter de mauvaises notes en classe.
D’autres et pour favoriser les leurs (ceux qui suivent leurs séances payantes) n’hésitent pas à leur proposer, à la veille de chaque contrôle, les mêmes exercices qu’ils auront à résoudre le lendemain…
Les cours de soutien scolaire sont généralement facturés selon le niveau scolaire. Mais aussi selon qu’ils soient donnés à des particuliers ou des groupes , que l’enseignant soit trop sollicités…
Ce phénomène a tellement pris d’ampleur qu’une formule de cours du soir en groupe, dans des écoles privées, a été adoptée, avec un tarif allant de 300 à 700 DH par mois, par matière et par élève, dont 75% vont à l’enseignant et 25% à l’école.
Certains centres de soutien scolaire adoptent même des formules de packs de 2 ou 3 matières offertes selon une formule promotionnelle.
C’est dire l’importance que ces cours ont pris et qui sont passés de l’informel à une activité bien organisée et structurée.
Pourtant, devant l’ampleur que ce phénomène a pris, le Ministère de l’Education Nationale avait publié, le 18 décembre 2014, une note interdisant formellement et de quelque manière que ce soit, l’organisation, par les enseignants, de cours de soutien payants au profit de leurs élèves.
Cette note avait été renforcée par un communiqué du ministère qui avait appelé le corps enseignant à consacrer ses efforts à l’amélioration du niveau des élèves lors des cours officiels, et à accompagner les plus faibles, dans le cadre des cours de soutien définis dans la politique du ministère en matière de soutien scolaire.
Dans le même contexte, le ministère avait invité les académies régionales et les délégations provinciales à prendre toutes les mesures permettant aux parents d’élèves et à toute autre personne concernée, de dénoncer toute violation de cette interdiction, et à traiter ces affaires avec la célérité et la fermeté requises.
Une note avait été envoyée à toutes les Académies Régionales de l’Education et de la Formation (Aref), les exhortant à ne pas hésiter à appliquer les sanctions qui s’imposent, à savoir la suspension de tout enseignant donnant des cours particuliers, avant de le faire passer en conseil disciplinaire.
On sait que l’éducation est un catalyseur de développement social et économique de toute nation. Et malheureusement, on connait les limites de notre système éducatif.
Il n’est un secret pour personne que notre pays souffre d’un certain nombre d’anomalies au niveau qualitatif de la formation et de l’éducation aussi bien au primaire qu’au secondaire.Toutes les réformes que le système éducatif a connu n’ont, jusqu’à présent, pas donné les résultats escomptés.
Il serait donc temps, de mener des études sérieuses pour connaitre les causes profondes qui tirent le système éducatif marocain vers le bas,afin d’y adapter les solutions qui s’imposent.
Autrement, tout business relatif à l’enseignement ne pourra être que florissant au détriment du niveau culturel de notre progéniture et, bien entendu, avec les conséquences si néfastes sur la bourse des parents.
Un business de soutien scolaire florissant, certes. Mais avons-nous vraiment le choix d’agir autrement, sachant qu’aux résultats du baccalauréat, seuls les élèves ayants décrochés des moyennes très élevées, auront la chance d’accéder aux concours des écoles supérieures de qualité ?