L’anarchie sévit à El Jadida et dans son agglomération. Elle est là, galopante. A tous les niveaux et à tous les stades. On l’a toujours déclamé dans ces mêmes colonnes. Des confrères ont soulevé cet état déplorable. Chacun de son angle et da sa vision. Tous ont été unanimes sur un fait. Responsables et citoyens avides du gain facile et fructueux y contribuent. Chacun de son angle. L’un empoche et l’autre, à la main « très généreuse» engraisse. Le citoyen normal est la victime de cette équation infernale. Il en subit les conséquences directes et néfastes qui en émanent.
Les taxis-drivers, faute d’un tarif unifié et approuvé par les autorités concernées et les professionnels, imposent leurs prix. Ceux du «chaffare». Pardon, le chauffeur, et non plus selon la tête du client comme dans le passé. Pour un même trajet au centre-ville, le prix d’une course varie entre 7, 8 et 10 DH. Très loin, il est entre 15 et 20 DH. Les grands taxis ne sont pas, eux aussi, cléments avec leurs clients. Surtout sur les trajets où le transport public est très rare ou inexistant. Cet état a encouragé, bien sûr, le transport clandestin. Solution salvatrice, ce transport, condamné par la loi, est estimé d’une utilité publique par ses usagers (élèves, ouvriers…) pour les bienfaits rendus à des couches sociales dans le besoin. Cet état n’aurait pu avoir lieu si les responsables concernés se souciaient de la bienséance des citoyens.
Un autre secteur commercial impose sa propre loi. Il s’agit des débits de boissons alcooliques et alcoolisées de 2e catégorie. L’anarchie semble avoir fait place à la réglementation dans ce secteur. Ces établissements, à vocation touristique, censés participer activement au développement et à l’épanouissement de ce secteur-clé de toute la région, se sont transformés, hélas, en de véritables lieux de dépravation, de débauche, de prostitution et de criminalité ! A la station balnéaire de Sidi Bouzid, les restaurants existants se sont transformés en on ne sait quoi. En cabarets, en dancings, en nights clubs ou en des lieux de rencontre des chercheurs du plaisir charnel ? Ils sont tout sauf des lieux de restauration ! Ils font de l’animation musicale avec une sonorisation haut de gamme dont le bruit est audible à des heures très tardives du matin. Très tôt le matin, c’est à un terrible boucan qu’on a affaire. Des cris, de la musique forte, des klaxons, des rixes sont le lot quotidien que doivent supporter, malgré eux, les habitants des environs. Même des agressions, dont sont les héros ces portiers appelés communément «les videurs», sont enregistrées. Ces gorilles, lâchés dans la nature et sachant pertinemment qu’ils ne seraient l’objet d’aucune poursuite judiciaire de la part de personnes ivres- mortes, le plus souvent, ne lésinent pas sur leurs puissants muscles pour tabasser un client jusqu’à se permettre de lui vider ses poches ! Le plus souvent, nous témoigne nos interlocuteurs, c’est une fille de joie qui est à l’origine de ce «remue- ménage». Les patrons et/ ou les gérants ont toujours fait la sourde oreille aux plaintes et doléances des dérangés et perturbés dans leur quiétude des voisinages. Rien ne les intéresse et ne les préoccupe autant que le gain facile et rapide. Pourvu que ces altérations se déroulent à l’extérieur de leurs boîtes. Les requêtes, auprès de l’autorité locale et de la brigade de la gendarmerie royale, restent lettre- morte.
Dernièrement, à l’installation du nouveau commandant des brigades, les propriétaires de ces lieux ont été sommés de respecter, rigoureusement, l’heure de fermeture (1h) et de se plier strictement aux clauses des licences délivrées. Les habitants des voisinages avaient accueilli avec satisfaction. Malheureusement, il ne s’est pas passé quelques jours pour que l’état redevienne tel qu’il était auparavant. Peut- être pire ! Inutile de chercher pourquoi. On peut dire que c’était une pression de la part du nouveau responsable sur les propriétaires pour que leurs mains soient plus généreuses (sic !). Dans la ville d’El Jadida, la situation est semblable à celle de Sidi Bouzid. Peut-être beaucoup plus. Rien ne semble faire peur à une certaine mafia de l’alcool. L’exemple le plus édifiant est celui d’un restaurant sis à l’avenue Hassan II. Voilà un espace censé servir des repas accompagnés de l’alcool, pour ceux et celles qui ne sont pas interdits de s’en servir, s’est transformé, subitement, en un bar-piano, en un bar et en une boîte de musique. Un 4e local, dont les portes sont encore closes, pourrait se transformer en une épicerie de vente de boissons alcooliques et alcoolisées. Qui sait avec ce propriétaire qui s’est permis le luxe d’aménager illicitement sa propriété sans n’être nullement interpelé par les services techniques de la municipalité et de la province. Alors que la loi l’interdit dans son article 17 qui stipule que «La licence n’est accordée que pour un seul local et une seule enseigne». Ces lieux sont désormais réputés de lieux de prostitution. Pour attirer une clientèle appâtée, il emploie des serveuses. La loi ici est là aussi claire dans son article 27. « Il est interdit à tout exploitant d’un établissement soumis à licence d’employer dans son établissement des personnes de sexe féminin âgées de moins de 21 ans. Celui qui a l’intention d’employer des personnes de sexe féminin âgées de plus de 21 ans doit déposer auprès des services locaux de la police ou de la gendarmerie une demande à laquelle est annexé un extrait ayant moins de trois mois de date de la fiche anthropométrique des futures employées. Le dossier revêtu de l’avis des services précités est ensuite transmis au directeur général de la sûreté nationale qui délivre ou refuse l’autorisation. L’autorisation est nominative et révocable». Un autre qui pratique la même conduite s’est vu délivrer une licence alors que l’arrêté du directeur général du cabinet royal n° 3-177-66 du 17 juillet 1967 réglementant le commerce des boissons alcooliques ou alcoolisées la lui interdit dans son article. Comment en a- t- il bénéficié ? Seule la commission concernée pourrait fournir une explication.
Ceci ne concerne pas uniquement ces établissements. Tous ceux existant dans la ville et dans ses voisinages usent des mêmes pratiques le plus librement du monde. La situation est infernale. Les responsables, de tout bord, se doivent d’assumer pleinement leurs tâches pour mettre fin aux actes de ces barons de l’alcool cupides et dont le développement de notre tourisme est le dernier de leurs soucis. Venu est, donc, le temps pour que ces responsables, dont en particulier l’autorité locale et la délégation provinciale du tourisme, réagissent pour l’application stricte des lois en vigueur régissant ce secteur indispensable et vital pour le développement de l’économie locale, régionale et nationale. La sonnette d’alarme est tirée. Aux responsables d’assumer… leurs devoirs chacun de son angle de responsabilité.